ITE toiture : des systèmes complets et éprouvés

Passer par l’extérieur pour isoler les toitures n’est pas encore entré totalement dans les usages. Pourtant les solutions techniques existent et offrent quantité d’avantages. Pour la mise en œuvre, une bonne préparation reste essentielle.

Petit rappel : 30 % des déperditions de chaleur d’un bâtiment se produisent en toiture. Autrement dit, une construction ou une rénovation visant l’excellence énergétique devra afficher une qualité d’isolation irréprochable.
À l’instar des parois, il existe nombre de systèmes pour réaliser cette isolation par l’extérieur. La plus connue, le sarking, est très utilisée – et depuis longtemps – en climat de montagne parce qu’elle autorise une isolation des toitures en continu sans pont thermique. Mais ce n’est pas la seule. Depuis une vingtaine d’années, voire plus, des industriels développent des procédés, tels les caissons chevronnés ou les panneaux-sandwichs, qui sont trois en un : support de couverture, isolation (thermique et acoustique) et finition intérieure ou support de finition intérieure.

 

 

Gains en volume habitable

Si les panneaux-sandwichs sont appréciés pour les bâtiments industriels – dans ce cas, le bac acier assure aussi la finition extérieure de la couverture –, ils n’ont encore qu’un succès d’estime dans le secteur résidentiel, à l’instar des caissons chevronnés. Ce qui est bien dommage. Car, outre une isolation thermique et acoustique performante, ils apportent en plus des gains en termes de volume habitable sous les combles et permettent de laisser une charpente apparente, le tout sans intervention à l’intérieur du bâtiment. De même, l’intégration du chevronnage et du parement en sous-face de l’isolation peut générer une économie substantielle. Ils présentent également une bonne adaptabilité à tout type de toitures, et ce, quel que soit le type de matériaux de couverture. La seule véritable difficulté, notamment pour les caissons chevronnés et les panneaux-sandwichs, réside dans l’adaptation aux toitures qui multiplient les points singuliers tels que chiens assis, noues ou arêtiers. Dans ce cas, le sarking est probablement la réponse la plus adéquate. Cela dit, l’ensemble des fabricants a aujourd’hui développé des solutions adaptées à chaque configuration. 

Stéphane Miget

Photo : Unilin

Solution 1 Sarking

La technique du sarking est un assemblage de différents composants, dont la pièce maîtresse est le panneau isolant. Ces panneaux isolants rigides sont de différentes natures selon les fabricants : polystyrène expansé, mousse polyuréthane rigide (PIR ou PUR), panneau de fibres de bois, laine minérale… Leur mise en œuvre comporte généralement trois étapes : pose d’un support (voligeage sur chevrons mélèze ou sapin du Nord, taux d’humidité 14), d’un écran d’interposition (obligatoire en climat de montagne), des panneaux isolants. Viennent ensuite les éléments habituels nécessaires à la pose du produit de couverture (DTU série 40) : contre-lattes, écran de sous-toiture, liteaux. Ces panneaux sont posés en une ou plusieurs couches croisées. Leur fixation est réalisée à l’aide de pointes torsadées ou cannelées. Le type et le nombre de pointes au mètre carré dépendent de la charge de neige, du poids et de la pente de la couverture.

 Disposés en quinconce, les panneaux, à bords généralement rainurés, sont bloqués en bas de charpente par des cales en bois. Eurotoit Recticel.
Photo : Recticel
Dédié à la rénovation, ce système est composé d’une membrane hygrorégulante, d’un isolant en laine minérale, d’un écran de sous-toiture (HPV) et d’un accessoire de rehausse de charpente. Intégra Réno Isover.
Photo : Isover

Solution 2 Option rénovation

À base de laine minérale, ces procédés sous avis techniques, dédiés uniquement à la rénovation, permettent d’isoler ou de surisoler sans intervention dans les combles. Mis en œuvre à l’interface charpente-toiture, ils sont composés, de l’inté­rieur vers l’extérieur, d’une membrane aux propriétés hygrorégulantes – elle supprime les risques de condensation dans le complexe existant à l’intérieur et assure l’étanchéité à l’air –, d’un isolant semi-rigide d’épaisseur variable pour l’isolation thermique et acoustique, d’un système de rehausse de chevrons si nécessaire et d’un écran de sous-toiture HPV (haute perméabilité à la vapeur d’eau) pour protéger l’ensemble (neige poudreuse et autre). Ils s’adaptent aux toitures des bâtiments résidentiels ou non résidentiels, de faible et moyenne hygrométrie, et aux couvertures conformes aux DTU de la série 40, quel que soit le parement intérieur du comble.

Solution 3 Caissons chevronnés

Autoportants, les caissons chevronnés intègrent un isolant, une sous-face intérieure et le chevronnage utile à la couverture. Suivant les fabricants, l’isolant sera réalisé avec une mousse polyuréthane projetée en continu entre les chevrons, des panneaux de polystyrène, des panneaux de fibres bois ou de laine minérale rigide. Il existe aussi des produits qui, en fonction des propriétés recherchées, mixent les types d’isolants. La finition intérieure (le plafond) est maintenue sur l’isolant et parfois sur le chevronnage. La nature des matériaux est variable : plaques de plâtre, lambris, panneaux de particules… Les chevrons remplacent ceux d’une toiture traditionnelle, tout en raidissant le panneau. L’épaisseur de l’isolant alliée au chevronnage garantit la rigidité et la solidité du caisson, ce qui permet de circuler en toute sécurité. Leur conception autorise la ventilation de l’ensemble de la sous-toiture (lame d’air de 2 cm au minimum). Leur mise en œuvre est réalisée à l’avancement, directement sur la charpente.

Panneau bimatière qui associe les performances thermiques du polyuréthane aux qualités phoniques de la laine de roche. Trilatte confort Unilin.
Photo : Unilin
Sous-face panneau-sandwich isolant autoporteur. Sapisol Toiture.
Photo : Simonin

Solution 4 Panneaux-sandwichs

Comme leur nom l’indique, ces panneaux autoportants sont constitués d’un isolant pris en sandwich entre le parement intérieur et la sous-toiture. À l’instar des caissons chevronnés, les finitions intérieures des panneaux-sandwichs sont multiples : panneaux de particules de bois hydrofuge, plaques de plâtre, lambris, bois rainuré, panneaux acoustiques perforés… Côté sous-toiture, le parement peut être composé d’un panneau de particules d’épaisseur variable (3 à 10 mm), de planches de bois (volige) assemblées ou non, et/ou de l’isolant lui-même. Pour les toitures ventilées, des contre-liteaux, fixés au-dessus de l’élément de sous-toiture, servent de supports aux liteaux. Les panneaux reposent sur trois appuis. L’espacement maximal des supports est variable ; il convient, dans tous les cas, de respecter l’entraxe donné par les fabricants, au risque de voir le panneau s’affaisser sous le poids de la couverture.

Solution 5 Isolant mince

En neuf ou en rénovation, les isolants minces réfléchissants sont totalement adaptés à l’isolation des toitures par l’extérieur. Intérêts principaux : la faible épaisseur et la possibilité d’assurer à la fois l’isolation thermique, l’étanchéité à l’air, à l’eau et à la vapeur d’eau, via une membrane réfléchissante intégrant un écran HPV. Autrement dit, ce type de solutions offre de substantielles économies puisqu’il permet de s’affranchir de la pose d’un pare-vapeur, d’un écran de sous-toiture ou d’un écran pare-pluie. Suivant les solutions choisies, l’isolant présente une épaisseur qui dépasse rarement 45 mm. À noter, une attention particulière à la pose est indispensable. En effet, pour que le procédé soit efficace en termes d’isolation thermique, il est nécessaire de créer deux lames d’air naturelles : la première dans l’épaisseur du chevron, la seconde avec les liteaux de support de couverture. Des languettes adhésives autorisent un recouvrement des lés parfaitement étanche, pour créer lesdites lames d’air. En général, les fabricants recommandent une épaisseur d’au moins trois centimètres pour éviter la condensation.

 À performances égales, l’isolant mince utilisé sur ce chantier parisien ne surélève que de 6 cm d’épaisseur la couverture après la pose du zinc. Triso-Super 12 Actis.
Photo : Actis

Cet article est extrait de Woodsurfer n°126 > Consulter la version numérique <