2024 : le bois fait ses Jeux

2024 : le bois fait ses Jeux

Nous y sommes ! Cet été, la France accueillera les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Un projet ambitieux à tous les niveaux, et particulièrement celui de l’excellence environnementale en ce qui concerne les solutions de construction et d’aménagement. En mettant en place, dès l’été 2018, le projet France Bois 2024, la filière forêt-bois se met dans la course pour favoriser l’utilisation du bois dans la construction de nombreux ouvrages olympiques. À l’arrivée, le pari est gagné !

Les bois posés sur les chantiers des JO 2024 sont à 100 % certifiés PEFC ou FSC.
Photo : Hervé Abbadie

Si, aujourd’hui, l’heure est aux félicitations, il faut remonter quelques années en arrière pour se rendre compte du travail accompli par tous les acteurs de la filière dans cette mission tout risque. Certes, le bois était un matériau qui apportait de nombreuses réponses face à la stratégie environnementale de la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo).

Celle-ci était basée sur quatre axes : neutralité carbone, préservation de la biodiversité, économie circulaire et résilience climatique. Mais il ne faut pas oublier que, en 2018, il existait de nombreux freins techniques pour que l’on puisse envisager sereinement la massification de la construction bois sur les chantiers des JO. Et en particulier sur le dossier du Village des athlètes. Le terrain où la compétition était rude avec les secteurs du béton et de l’acier.

Le chantier du Village des Medias.
Photo : Plan Rapproché
Mobilisation générale

La création de France Bois 2024, avec à sa tête Georges-Henri Florentin, permet la coordination des actions de la filière auprès de la Solideo et de Paris 2024. Le financement est assuré, à parts égales, par France Bois Forêt et par le Comité de développement des industries françaises de l’ameublement et du bois (Codifab). Rapidement, tout est mis en place pour réaliser les documents techniques nécessaires pour pouvoir obtenir des permis de construire, notamment grâce aux travaux menés par le Club des industriels d’ADIVbois. Risque incendie, conception d’ETICS sur construction ou façade à ossature bois, douche « zéro ressaut » sur support bois, traçabilité…, le champ de recherche est large.

Mission accomplie !

En travaillant avec France Bois 2024, la Solideo a fixé de nombreux objectifs. Le bois, considéré comme « matériau de consensus », s’est retrouvé en première ligne de solutions prescrites sur le chantier du Village des athlètes. But de la démarche ? Diminuer de moitié les émissions de carbone par rapport au scénario de référence qui a été choisi, à savoir le Village olympique des JO de Londres en 2012.

Tous les bois fournis sur l’opération devaient être certifiés PEFC ou FSC, et au moins 30 % d’entre eux devaient venir de forêts françaises. Les chiffres présentés par la Solideo à l’occasion du Forum Construction Bois à Nancy en avril dernier prouvent que les résultats ont dépassé les objectifs visés. En tout, plus de 14 000 m³ ont été mis en œuvre sur le Village des athlètes, structure et revêtements confondus.

En structure, la part des bois provenant de France métropolitaine est de 75 %, soit plus de 10 700 m³ ! Ces statistiques ne concernent que la partie continentale du Village et il faudra y ajouter les volumes mis en œuvre sur l’île Saint-Denis, encore en cours de chiffrage. On peut donc espérer le total d’environ 16 000 m³. Sur certains lots, le bois français représentait 100 % des volumes mis en œuvre. Autre point positif : 100 % des logements du Village des athlètes de moins de 28 m de hauteur font intervenir le bois en structure et 49 % d’entre eux sont en tout bois.  

Anna Ader

La démarche France Bois

Traçabilité en héritage Pour accompagner la filière bois-construction et la soutenir dans ses ambitions environnementales et industrielles, France Bois 2024 a créé un nouvel outil « France Bois Traçabilité » qui réunit les labels PEFC, FSC et Bois de France sous audits communs de l’Institut technologique FCBA. « C’est le premier outil garantissant la provenance de bois issus de forêts françaises gérées durablement, explique Georges-Henri Florentin, président de France Bois 2024. Réaliser des audits communs par le FCBA dans les entreprises est l’aboutissement d’un profond travail de réflexion collectif.

L’idée était de réduire les coûts pour ces entreprises et de promouvoir la démarche. Cette disposition a été approuvée, pour les Jeux, par les administrateurs de PEFC et FSC au début de nos échanges sur la traçabilité. L’expérimentation en a été limitée. Mais elle a permis de faire réfléchir à la notion de “traçabilité” dans la filière, d’attirer l’attention sur les circuits courts par le recours au bois français. […] Plusieurs constructeurs bois ont ainsi décidé d’augmenter leur part de bois français, mais aussi des majors du bâtiment.

Ainsi, l’une d’entre elles s’est engagée, dès 2021, à inclure 30 % de bois français dans ses projets, avec l’objectif de porter cette part à 50 % dès 2025. Une autre se fixe des objectifs de construction bois en nette augmentation (30 % à échéance de 2030, après être déjà passée de 3 % de construction bois dans la totalité de ses projets à 15 % fin 2022). »

Le dispositif, laissé en héritage à la filière forêt-bois, devrait constituer une aide à se conformer au Règlement sur le bois et au Règlement déforestation de l’Union européenne (RBUE et RDUE). Selon le président de France Bois 2024, « pour les acteurs de la filière forêt-bois française, pour les collectivités, pour les entreprises, initier une démarche de traçabilité est l’assurance d’inscrire ses achats bois dans un cadre responsable et éthique sur les plans économique, environnemental et social ». Affaire à suivre.

Photos : George-Henri Florentin
Photos : George-Henri Florentin

Saint-Ouen-sur-Seine : un gymnase sur le toit

Photos : Cyrille Weiner

Situé dans le quartier résidentiel Les Belvédères (secteur E du Village des athlètes), cet immeuble de bureaux porte sur son toit un gymnase de 1 000 m2. Une innovation programmatique proposée par l’agence Dream pour adapter l’architecture aux enjeux sociétaux contemporains. Chargés de construire 13 477 m2 de bureaux dans l’îlot E3, les architectes ont eu l’idée d’augmenter cette surface d’un équipement sportif qui pourra après les Jeux servir aux habitants du quartier. Seul bâtiment de 36 m de hauteur en structure bois, le projet atteint de hautes performances au niveau du stockage carbone. L’infrastructure en béton bas carbone (parkings éclairés naturellement), la superstructure en poteaux-poutres de bois massif et planchers béton bas carbone préfabriqués du R + 1 au R + 6.

Photos : Cyrille Weiner
Photos : Cyrille Weiner

Parc des expositions Paris-le-Bourget reconstitution du hall 3

Photos : Plan Rapproché

Le nouveau hall 3 du Parc des expositions Paris-Le Bourget accueillera le Village des médias (International Broadcast Center) sous une charpente en bois lamellé-collé de 1 800 m³. Cette solution permet d’obtenir une réduction de 600 t équivalent CO2 (-3,6 %) par rapport à une charpente en béton et 5 600 t équivalent CO2 (-26 %) par rapport à une charpente métallique. Le bâtiment a été livré à OBS le producteur audiovisuel de Paris 2024 un an à l’avance.

Dans ce projet de reconstruction, la surface d’exposition est passée de 12 040 m² à 19 269 m². La hauteur sous charpente est passée de 5 à 9 mètres en moyenne. La hauteur totale du bâtiment varie de 12,1 m à 10,2 m du point haut au point bas. L’équipement accueillera 12 000 personnes, 24 heures sur 24, pendant trois mois. Pour assurer le confort des utilisateurs, un plancher en CLT d’origine française a été installé. Il sera enlevé après les Jeux. Le projet a reçu les labellisations environnementales NF HQE Excellent et Bream Very Good.

Photos : Plan Rapproché

La passerelle Dugny – Le Bourget : un ouvrage d’art

Photos : Plan Rapproché

Longue de 100 mètres, suspendue au-dessus de l’autoroute A1, la passerelle relie le centre aquatique de Saint-Denis au Stade de France. Elle est complétée par des aménagements paysagers sur 400 mètres linéaires. Véritable ouvrage d’art, avec une portée maximale de 50 m, la réalisation met en œuvre du béton pour les piles et du bois pour le tablier. Ce dernier est constitué de blocs lamellés-collés de pin Douglas du Morvan (33 m³).

La passerelle appartient à la famille des ponts à béquilles, un choix lié au fait que les talus de l’A1 sont protégés et il était impossible de les toucher. Au total, dix tronçons ont été acheminés puis assemblés sur site avant d’être levés en six opérations menées de nuit. Le concept évite l’émission de 1 000 tonnes de CO2 par rapport au scénario le plus vertueux de la Solideo qui intégrait une passerelle en acier. La construction du tablier bois s’est faite dans le Haut-Doubs, en parallèle des travaux de génie civil.

Photos : Plan Rapproché

Cet article est extrait du numéro 136 du magazine WoodSurfer disponible sur Calameo.