Utiliser des solutions écoresponsables pour le traitement et la finition des bois : l’idée ne date pas d’hier, mais le champ de possibilités s’élargit. La formulation en phase aqueuse est aujourd’hui un classique. C’est la vague de produits issus de la chimie verte qui déferle chez les fabricants.
Dans le secteur de la construction, le mot « biosourcé » est sur toutes les lèvres. Il serait donc impensable qu’il n’apparaisse pas dans les formulations de produits pour la protection et l’embellissement des bois. D’autant plus que la réglementation qui les régit avait depuis longtemps imposé des cadres très strictes et il est devenu difficile de se démarquer des autres produits « écologiquement corrects ». Ainsi, le règlement européen Reach, entré en vigueur en 2007, recense, évalue et contrôle les substances chimiques fabriquées, importées et mises sur le marché européen. Exit les substances cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction 1A et 1B. Et la liste continue avec les substances persistantes, bioaccumulables, toxiques et les perturbateurs endocriniens. Peut-on faire mieux dans ce domaine où les règles sont déjà aussi draconiennes ?
Photo : Caparol
Le biosourcé remplace le pétrole…
Ceux qui hier apparaissaient comme les adeptes des produits en phase aqueuse vont plus loin et puisent dans la nature pour apporter de nouvelles solutions encore plus vertueuses. Chez Blanchon, pionnier de la phase aqueuse dès 1987, puis créateur de la ligne Qualité Environnement en 2004, l’année 2021 a commencé avec le lancement de la deuxième génération de cette gamme. Il s’agit de trois produits : l’huile et le vitrificateur pour les bois intérieurs et la lasure très longue durée environnement pour les bois extérieurs. Qu’est-ce qui fait la différence ? Les matières premières, car ce sont les résines biosourcées à base d’huile de soja, de colza ou de ricin qui remplacent le pétrole dans la composition des produits. « Transformées en France dans des bioraffineries, ces matières premières ont fait l’objet d’un cahier des charges très strict, excluant notamment l’huile de palme et les matières animales », explique le fabricant, en précisant que les trois produits ont été testés selon la norme NF EN 16640, le référentiel du marché lors d’appels d’offres publics pour mesurer la teneur en carbone biosourcé des matériaux.
… et protège même contre le feu
La révolution verte est en marche aussi chez les industriels des produits de préservation de bois. En 2017, le groupe Berkem a décidé de faire fusionner les sociétés de son pôle Formulation – Sarpap & Cecil Industries et S&C Construction – en une seule entité baptisée Adkalis. Celle-ci englobe depuis les marques Axil, Xilix, Termifilm, Sarpap, Xylophène Industrie. La nouvelle structure est spécialiste en formulation de produits de préservation issus de la biomasse et destinés aux professionnels du bâtiment, adaptés aussi bien au bois et ses dérivés qu’aux matériaux durs. Le pôle Formulation Adkalis possède son propre département de R&D, mais s’appuie également sur le savoir-faire de Berkem SAS, une autre filiale du groupe, chargée de la fabrication d’actifs issus de l’extraction de végétaux. Cette année, Adkalis a mis sur le marché une solution constituant une alternative écologique aux produits ignifuges traditionnels à base d’acide borique, de phosphore ou autres sels. Si la formule est confidentielle, Adkalis précise qu’Axil Fiber 500 L est une solution en phase aqueuse, translucide, stable, prête à l’emploi, adaptée à un usage extérieur et intérieur, car elle ne contient pas de COV (composés organiques volatils). Destiné aux scieurs et aux fabricants de bardage, le produit est appliqué par imprégnation en autoclave sous vide et pression, permettant d’obtenir le classement au feu B-s1, d0. Il est compatible avec les produits de préservation insecticide/fongicide et de décoration proposés par Adkalis, ce qui constitue une offre globale non déclassante, permettant de lutter efficacement contre l’incendie, tant au niveau de la réaction que de la propagation du feu en façade. Avec cette innovation, l’industriel compte conquérir 10 % de ce marché à terme.
Photo : Caparol
Dans la nouvelle lasure semi-transparente de Caparol (groupe DAW), CapaWood Aqua LongLife, 80 % du liant est formulé à base d’huile de cameline (plante de la famille des Brassicaceae, originaire d’Europe du Nord et d’Asie centrale), utilisée également dans l’industrie agroalimentaire.
Photo : Caparol
Outre la préservation et la finition de bois, le biosourcé apporte aussi des réponses dans le domaine de solutions ignifugeantes.
Photo : Adkalis
Une question de bon sens
Créée en 2007, dans un contexte de forte hausse du cours du pétrole, l’ACDV (Association chimie du végétal) représente l’ensemble des acteurs de la filière : entreprises de la chimie, de l’agro-industrie et des industries utilisatrices, pôles de compétitivités et organismes professionnels. Parmi ses adhérents, on recense également quelques spécialistes de solutions de préservation et de finition du bois : Durieu, Blanchon, Solvay… Mais, sur le marché, on trouve aussi d’autres intervenants de cette mouvance donc la liste ne s’arrête pas là. L’épuisement annoncé des ressources fossiles comme le gaz, le pétrole ou le charbon est l’une des raisons qui motivent le développement de la recherche de solutions alternatives, mais pas la plus importante. L’état d’urgence climatique reste la raison principale de la nécessité d’une action immédiate : l’utilisation des matériaux biosourcés permettant une économie d’émission de gaz à effet de serre par effet de substitution. Et puis, quoi de plus logique que de traiter le matériau renouvelable comme le bois avec des produits issus de la biomasse ?
Cet article est extrait de Wood Surfer n°123 > Consulter la version numérique <