Initié en 2012, le projet collectif Bois croisés de Bourgogne est en train de franchir une nouvelle étape permettant de lancer la fabrication industrielle d’une gamme panneaux CLT de chêne, BatiChêne. C’est à Charolles (71) que la nouvelle usine démarrera la production en octobre 2024.
Porté, à l’origine, par l’association éponyme, créée en 2012 et regroupant une quinzaine d’entreprises régionales, le projet Bois croisés de Bourgogne (BCB) vise la valorisation de la ressource en chêne de qualité secondaire pour de nouveaux usages constructifs. L’association a notamment mené avec l’ENSAM (École nationale supérieure d’arts et métiers) de Cluny des essais de collage, des essais mécaniques et a développé une méthode de classement des sciages du chêne. La rénovation des salles de classe et des ateliers du lycée professionnel des métiers de l’automobile Camille-du-Gast à Chalon-sur-Saône (71), réalisée sous la houlette de l’architecte Olivier Le Gallée, a été un premier test pour le CLT en chêne. Au total, ce sont 1 600 m2 de panneaux 3 couches qui ont été produits, de façon artisanale, pour ce chantier.
Transformation en marche
Pour Édouard Ducerf, PDG du groupe Ducerf depuis 2020, représentant la 5e génération de dirigeants de l’entreprise familiale, l’industrialisation de la production du CLT de chêne correspond parfaitement à la nouvelle stratégie du groupe : « Les deux premières générations ont fait des métiers de scierie, la troisième a amené la deuxième transformation et a été suivie dans cette démarche par la quatrième. Aujourd’hui, nous avons envie d’aller encore plus loin dans la transformation, avec des produits plus aboutis, finis, destinés notamment à la construction. Avant,
la vision était de produire toujours plus. Ce modèle me paraît aujourd’hui désuet, car il est incohérent avec les capacités de production de la forêt. La chaîne de valeurs de l’entreprise n’est pas axée sur le développement des volumes, mais sur une croissance bien raisonnée de maîtrise des étapes de la transformation du bois. »
Édouard Ducerf, PDG du groupe Ducerf : « Aujourd’hui, nous avons envie d’aller plus loin dans la transformation, avec des produits plus aboutis, destinés notamment à la construction. »
Photo : Ducerf
Un site de production évolutif
La nouvelle usine à Charolles, qui sera inaugurée en octobre, produira la première année 2 500 m2 de CLT de chêne. « Notre ambition à 5 ans est de représenter 0,5 % du marché de CLT national, explique Édouard Ducerf. Les ambitions sont donc modestes, mais conscientes et lucides par le positionnement. Le CLT de chêne est entre 2,5 et 3,5 fois plus cher que le produit équivalent en résineux. C’est la noblesse de la matière première et l’aspect esthétique qui expliquent la différence. Avec ce produit haut de gamme, nous allons travailler en circuit court, directement sur des projets concrets des prescripteurs. » Le bâtiment de 1 600 m2 est équipé d’une presse et d’outils de manutention pour les panneaux : convoyeurs, palans, ventouses… À part l’atelier de production, il abrite des bureaux d’ingénierie, ainsi qu’un atelier de maintenance et un autre destiné à la réalisation des tests de production. « Le produit est aujourd’hui couvert par une ETN (ndlr : Enquête de technique nouvelle) réalisée en partenariat avec le bureau Alpes Contrôles, précise l’ingénieur Thibaut Louvet, chef de projet. D’ici deux à trois ans, nous allons investir dans une deuxième presse pour arriver à produire à terme entre 10 000 et 12 000 m2. Au total, sur 5 ans, avec l’installation d’un centre d’usinage, l’investissement atteindra 3,5 millions d’euros. »
Partenaires motivés
Pour monter ce projet ambitieux, le groupe Ducerf s’est associé avec cinq partenaires, dont quatre scieurs (Bongard-Bazot, Petitrenaud, Sirop, Gaitey), et le charpentier Philippe Covre. Ils ont créé ensemble, en 2023, la société Bois croisés de Bourgogne. « Dans cette nouvelle structure, notre entreprise a pris le lead dans la conduite des opérations, ajoute Édouard Ducerf. Pour nos partenaires scieurs qui vont fournir la matière première, c’est une alternative intéressante permettant de valoriser les bois de qualité secondaire, ce qui aujourd’hui n’est pas toujours évident. Avec cette technologie, nous proposons des produits avec une belle surface apparente, constitués à l’intérieur de couches de bois présentant d’importants défauts visuels, mais possédant des caractéristiques structurelles et isolantes tout à fait intéressantes. Notre bureau d’études accompagnera les clients dans le choix de solutions pertinentes, aussi bien sur le plan technique, que réglementaire et économique. »
Anna Ader
Cet article est extrait du numéro 137 du magazine Woodsurfer disponible sur Calameo.