.
Installée depuis 1976 à Valenton, dans le Val-de-Marne à 12 km de Paris, la société Meha est un acteur majeur de la construction bois en Île-de-France. Maîtrisant les technologies bois contemporaines, elle est capable de répondre à toutes sortes d’appels d’offres. Signe particulier ? Volonté de promouvoir le bois français dans la construction.
Cofondateur du réseau Maître Cube, le constructeur francilien à la possibilité de répondre aux appels d’offres en tant qu’entreprise générale sur des chantiers d’envergure.
Photo : Juan Sepùlveda
Spécialisée d’abord en charpente traditionnelle et couverture, cette entreprise familiale, dirigée depuis 2009 par Sébastien Meha (président) et son frère Julien Meha (directeur général), a aujourd’hui plusieurs cordes à son arc. C’est à l’aube des années 2000 que le fondateur de la société, Michel Meha, couvreur de formation, décide qu’il est temps d’investir dans un robot de taille K2 d’Hundegger, le premier dans la région parisienne. « L’achat de la K2 nous a orientés plus sur la charpente et l’ossature bois, car nos capacités de production ont augmenté considérablement avec cette acquisition et nous étions convaincus par le futur du métier d’industriel de construction bois, explique Julien Meha. En 2007, les ateliers ont été agrandis. C’est aussi à ce moment-là que la société a acquis la machine de découpe Speed-Cut d’Hundegger permettant d’augmenter le volume de production pour l’ossature bois. En 2014, pour suivre l’augmentation du marché de l’ossature bois, un nouvel investissement a été fait dans une cadreuse semi-automatique d’assemblage de Mach Diffusion. »
Le « made in France » comme garantie de qualité Cette série d’investissements était accompagnée au fil du temps par le développement du savoir-faire dans le domaine de la construction bois. En 2006, l’entreprise francilienne figure parmi les fondateurs et premiers détenteurs du label Charpentes 21. Géré par l’Institut de recherches appliquées au bois (Irabois), celui-ci impose des exigences selon 3 axes : la qualité technique d’étude et de production, l’engagement environnemental et l’amélioration des conditions de travail. Le référentiel impose également que les ouvrages soient fabriqués sur le territoire français.
En 2014, la société Meha fait partie – avec sept autres entreprises – des fondateurs du réseau Maître Cube, premier opérateur national de construction bois. Là aussi, le processus industriel « Fabriqué en France », développé par les référents du réseau, favorise les composants et matériaux d’origine française et impose que toutes les étapes de la conception à la construction soient réalisées en France. Fonctionnant comme entreprise générale, Maître Cube ouvre à ses référents régionaux la possibilité de décrocher de plus grands marchés en direct avec les clients. C’est ainsi que l’entreprise Meha se retrouve sur les chantiers d’envergure comme notamment le collège Samuel-Paty de Valenton (le premier collège certifié Passivhaus du Val-de-Marne/budget 20 M€ HT TCE) livré en 2021, et les deux groupes scolaires du Bourget (budget 21 M€ HT TCE, également certifiés passifs) prévus en livraison
cet automne.
Il faut dire que la société francilienne est capable de répondre aux projets les plus ambitieux en construction neuve, clos et couvert, surélévation et restauration du patrimoine et bâtiments biosourcés. Son bureau d’études interne, travaillant essentiellement en 3D BIM avec le logiciel Cadwork, emploie dix ingénieurs et dessinateurs ainsi que deux personnes en avant-projet. La production en atelier est assurée par huit personnes. Sur les chantiers, cinq conducteurs de travaux sont à la tête d’une équipe de 30-35 charpentiers/couvreurs. La crise sanitaire n’a pas ébranlé la santé de l’entreprise. « Il y a cinq ou six ans, il y a eu des hauts et des bas avec de gros chantiers qui avaient été décalés, ce qui nous a mis un peu en difficulté, concède Julien Meha. En revanche, depuis quatre ans, nous augmentons notre chiffre d’affaires de 40 % chaque année. »
Julien Meha, directeur général de la société Meha : « Avec ses ateliers installés aux portes de Paris, notre entreprise peut facilement intervenir sur les grands chantiers d’Île-de-France tout en restant en circuit court. »
Collège Samuel-Paty à Valenton (94), certifié Passivhaus. Projet : Archipente. Mandataire : Maître Cube.
Photo : Nicolas Trouillard
Résidence L’Hester à Rosny-sous-Bois (93), un immeuble de 19 logements en structure bois (BM, BLC et CLT). Maître d’ouvrage : REI Habitat ; maître d’œuvre : Archi 5.
Photo : Sergio Grazia
L’école maternelle des Boutours à Rosny-sous-Bois (93), première réalisation en caissons d’ossature bois remplis de paille pour l’entreprise Meha. Projet lauréat du Prix national de la construction bois 2018, dans la catégorie « Aménagement bois ».
Photo : Emmanuel Pezrès
Résidence L’Hester à Rosny-sous-Bois (93), un immeuble de 19 logements en structure bois (BM, BLC et CLT). Maître d’ouvrage : REI Habitat ; maître d’œuvre : Archi 5.
Photo : Sergio Grazia
Anna Ader
Société Meha en chiffres
- • 55 employés
- • 10 000 m2 de terrain
- • 4 000 m2 d’atelier couvert •
- 3 500 m3 de bois usinés par an
- • CA 2021 : 12,3 M€
Travailler en circuit court…
En adhérant en 2021 au label Bois de France, le constructeur francilien ne faisait qu’acter la politique qu’il appliquait depuis des années. « C’était une démarche naturelle, affirme Julien Meha. Avant d’obtenir la certification Bois de France, nous utilisions déjà plus de 80 % de bois français dans nos réalisations : sapin/épicéa, Douglas, mélèze… Nous travaillons principalement avec la scierie Grandpierre à Champagnole, dans le Jura, la scierie Farges à Égletons, filiale du groupe Piveteaubois en Corrèze, et le groupe Monnet-Sève Sougy. Le fait de rester proche de Paris, alors que beaucoup de nos confrères ont décidé de déménager afin de pouvoir agrandir leurs ateliers, est une démarche sociétale. Nous préférons nous organiser différemment pour développer la connaissance de la construction bois en Île-de-France, où le marché est très dynamique. Nous voulons rester proches de nos chantiers pour limiter les transports des matériaux et de notre personnel. Nous avons toujours eu envie de travailler avec les bois français et aujourd’hui ce critère se révèle très important aussi pour les maîtres d’ouvrage, ne serait-ce qu’à cause du bilan carbone des opérations mises en place. »
… tout en élargissant les horizons
L’entreprise francilienne ne cesse de développer ses compétences. C’est la construction biosourcée au sens large qui l’intéresse. Ainsi, en 2016, la société Meha se forme à l’ossature bois isolée en paille et la paille porteuse sur le chantier de l’école des Boutours à Rosny-sous-Bois. Une réalisation devenue référence dans ce domaine et primée à plusieurs reprises. Quelques années plus tard, le constructeur s’engage dans un projet de création d’un procédé de production de béton de chanvre en partenariat notamment avec deux autres entreprises de charpente (Aux Charpentiers de France et Paris Charpente) et la chanvrière francilienne Planète Chanvre. Le projet se concrétise en 2021 avec l’inauguration de Wall’Up Préfa, première usine française de panneaux préfabriqués ossature bois isolés en béton de chanvre. Installée à Aulnoy, en Seine-et-Marne, l’unité de production fonctionne en circuit court et sans intermédiaires. « Pendant la période de lancement, avec les équipes Wall’Up Préfa nous avons beaucoup travaillé la prescription de ce nouveau produit, précise Julien Meha. Maintenant, ce système constructif commence à se développer. Un premier projet pour les logements du lycée Marcel-Cachin à Saint-Ouen a déjà été livré pour le compte de Bouygues Bâtiment Île-de-France. Plusieurs projets sont en cours de lancement : le programme de logements Woody à Melun, l’école Anatole-France à Chevilly-Larue, un lycée à Coulommiers et deux projets à Nantes. Cette participation dans Wall’Up Préfa nous permet d’avoir une réponse supplémentaire aux projets biosourcés. »
Cet article est extrait de Wood Surfer n°128 > Découvrir le numéro en intégralité <