Écrins suspendus

Située avenue Mac-Mahon à Paris, la boutique de la toute jeune marque de joaillerie DiamondHolic est conçue comme une boîte à bijoux contemporaine. Luxueuse, girly et… instagrammable.

 Le bureau au centre de l’écrin et les vitrines sécurisées exposant les bijoux ont été suspendus au plafond.
Photos : Sebastian Erras

En s’installant dans le 17e arrondissement de la capitale, au pied de l’Arc de Triomphe, les créateurs de DiamondHolic, Valérie Reinert et Pascal Beliard, ont souhaité aller à la rencontre de leurs clientes, celles de l’ouest parisien et internationales, fréquentant le « triangle d’or » du 8e. Pour réaliser leur projet d’un espace boudoir très girly, ils ont fait appel à Xavier Gainard et Chadi Abou Jaoude du collectif Créateurs d’intérieur.

Le showroom a vu le jour en février 2020. Les architectes d’intérieur ont créé un écrin à la fois pour les créations de la marque et pour la marque en elle-même, grâce à un agencement design associant le marbre, le chêne et le laiton, dans une ambiance rose poudrée. « Nous avons voulu casser les codes et travailler des matières peu convenues dans les bijouteries. Nous sommes partis sur un quatuor de matériaux nobles que l’on ne rencontre pas souvent dans le luxe : béton, laiton, marbre et bois », se souvient Chadi Abou Jaoude, heureux d’avoir participé à la création de l’univers de la marque.

Le mur en plaques de béton texturé brut (Concrete LCDA) mis en œuvre sur tout un pan de mur tranche avec l’aspect velouté de la boutique et le terrazzo rose qui recouvre le sol et les murs, et fait ressortir les délicates vitrines. L’aspect précieux et luxueux est apporté par les touches de doré qui s’inscrivent tout en légèreté et en discrétion. Luminaires, bras de suspension, vitrines…, le laiton brossé s’harmonise tout en douceur avec le chêne clair du mobilier bois. Ces matériaux nobles réceptionnent la lumière, illuminent l’espace et rehaussent les autres éléments.

 Au sous-sol de la bijouterie, l’espace salon mise aussi sur l’aspect cocon et l’ambiance feutrée.

La principale contrainte était l’étroitesse de cette ancienne agence d’intérim sur deux niveaux de 20 m2. Le long de l’escalier, un grand pan de miroir, qui monte du sous-sol jusqu’au rez-de-chaussée, est ainsi venu agrandir l’espace et amener la lumière naturelle dans la pièce du bas. « Les présentoirs, le bureau…, l’idée était aussi que l’ensemble des meubles soit suspendu pour alléger l’espace », décrit Xavier Gainard. Espace qui a été épuré au maximum. La plupart des rangements sont entièrement dissimulés. L’un dans une colonne située derrière le bureau, les autres sous le plan de travail en marbre placé sur le mur du fond. Les différents espaces sont clairement déterminés. Le bureau s’inscrit ainsi dans un cercle défini par la création d’une gorge lumineuse peinte en doré au plafond qui se reflète au sol dans un tapis de dimension identique. Le sous-sol a été conçu comme un salon VIP proposant aux clients de s’isoler pour voir les plus belles créations de la marque. C’est aussi un espace qui sert d’atelier et permet d’ajuster le bijou sur mesure face au client.

Des capsules techniques

La grande originalité de cette boutique repose sur les dix capsules vitrines en chêne clair et laiton qui encadrent l’espace. Toutes identiques, mais entièrement personnalisables, ces vitrines réalisées sur mesure sont plus techniques qu’elles en ont l’air. Aux contraintes de poids et d’équilibre, s’ajoute l’intégration invisible d’un éclairage sophistiqué destiné à mettre les bijoux en valeur, mais aussi celle du système d’alarme et de sécurité qui permet d’ouvrir les vitrines grâce à une carte magnétique. Il fallait aussi que les capsules placées en vitrine puissent se tourner à 180°. Une astuce qui facilite le quotidien des employés de la boutique et leur permet de présenter facilement les bijoux de la vitrine ou d’en modifier le contenu.

« Nous avons réalisé une boîte test à échelle 1 pour valider le concept et les différentes contraintes techniques. Cet élément a nécessité beaucoup de travail puisque quatre interlocuteurs intervenaient sur le projet : l’agenceur qui a conçu la capsule, la personne en charge des éclairages, celle qui gérait l’ensemble du système de sécurité et les clients qui validaient l’esthétique et la mise en valeur des bijoux dans cet écrin », se souvient Chadi Abou Jaoude. En chêne et intégrant une plaque de marbre, le bureau suspendu est également une prouesse technologique, puisqu’il accueille, sans câbles apparents, une lampe et des prises pour brancher un ordinateur portable.

 Le long de l’escalier, un miroir toute hauteur agrandit l’espace, et augmente la luminosité naturelle qu’il emporte jusqu’au sous-sol. Le bureau suspendu, en chêne clair massif et en marbre, est entièrement connecté pour épurer l’espace.
D’ambiance, technique ou décorative, la lumière est particulièrement soignée pour renforcer l’aspect chaleureux de la boutique et mettre en valeur les produits.
 Simples en apparence, les capsules suspendues réalisées sur mesure intègrent un éclairage, le système de sécurité et peuvent pivoter sur elles-mêmes.

Le souci du détail

L’aménagement d’une boutique de luxe nécessite de la minutie. « Le client aime sentir que tout est fait sur mesure. Il faut alors prêter attention au moindre détail, comme l’emplacement ou la forme d’une petite couture. L’ensemble doit être bien pensé, mais aussi fonctionnel », analyse Xavier Gainard. Dans ces espaces de vente hors norme, l’ambiance provient aussi des trois types d’éclairage : éclairage d’ambiance, éclairage technique pour mettre en valeur les bijoux et éclairage décoratif. Source de lumière, le faux plafond dissimule également le matériel de sonorisation indispensable à l’atmosphère du lieu.

« Le client doit ressentir que l’espace entier lui est consacré et avoir la sensation de découvrir un lieu unique. » Au-delà, l’idée est aussi de disposer d’un outil de communication sur les réseaux sociaux, proposant de multiples points de vue « instagrammables ». Témoin de cette tendance, le néon lumineux, réalisé sur mesure, délivre son message : « Girls Are a Diamond’s Best Friend », tel le credo.   

Aurélie Cheyssial

Cet article est extrait du magazine WoodSurfer n°131 disponible sur Calameo.