Entre création et éthique

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L’agencement hôtelier n’a plus de secrets pour Option d’Intérieur. Cette agence d’architecture intérieure basée à La Rochelle accompagne ses clients dans leurs projets de rénovation et d’agencement depuis 2001. De l’hôtel le plus modeste au 5 étoiles, panorama des tendances…

En 20 ans, Option d’Intérieur a vu passer bien des clients. Mais le principal est aujourd’hui le groupe Accor avec toutes ses déclinaisons de marques et de styles. Mais qui dit chaîne ne dit pas forcément uniformité. « Pour des marques comme Mercure ou Ibis Style, chaque projet a son identité propre. Nous pouvons oser les couleurs, les idées audacieuses… Notre liberté de création est totale », se réjouit Thierry Vernhes-Chazeau, le directeur artistique de l’agence. L’idée par exemple avec les Ibis Style est d’ancrer l’établissement dans son environnement. « Nous tenons compte d’une identité ou d’une spécificité géographique. Que ce soit la ville, les particularités de la région, voire ses couleurs », poursuit-il. Ce fut le cas, par exemple, pour la rénovation de l’hôtel Mercure Auxerre, situé à Appoigny, tout près de la ville. Particularité de l’établissement : il se trouve sur la route de Chablis. Le thème du vin s’est imposé. Pour le vaste espace d’accueil et ses cocons de convivialité, le choix s’est porté sur un mix de revêtements naturels dans des tons de bois et de vigne. L’espace de coworking est quant à lui ancré dans un calepinage en forme de tonneau et, pour habiller le salon lounge, l’équipe a imaginé un mur de bouteilles. Avec pour résultat un subtil mélange de tradition et de modernité.

Dans les chambres également, l’ancrage local est accentué avec ici une tête de lit qui mêle textures et couleurs dans des tonalités naturelles de bois et de vigne. La superposition des formes rondes évoque la composition d’une grappe de raisin.
Doc. : Option d’Intérieur

Place à l’ouverture

Les espaces ouverts sont l’une des grandes tendances actuelles : restaurant, petit déjeuner, accueil, lounge… se répartissent sur le même plateau. Mais pour le confort et l’intimité, ils sont délimités par zones. « Pour cela, nous privilégions les claustras. Ils ont l’avantage de marquer l’espace tout en donnant un côté phonique à l’ensemble », précise Justine Ranger, architecte d’intérieur au sein de l’agence. Pour la rénovation de l’hôtel B&B Les Minimes à La Rochelle, le choix s’est porté sur des claustras en bois brut et des tasseaux verticaux qui permettent de rythmer l’espace et de jouer sur les hauteurs. « L’hôtel préexistant manquait de chaleur, c’est pourquoi nous avons privilégié le bois brut et le mélaminé noir dans les services généraux et l’espace lounge », poursuit-elle. Même configuration pour le Novotel Bordeaux-Saint-Jean : le social hub est un espace multifonction et flexible qui s’adapte à tous les besoins. Aux grandes zones restaurant/accueil se combinent de petites pièces mobiles. Pour des clients qui, de plus en plus, aiment profiter de ces espaces communs dans des moments de convivialité, de détente ou pour travailler, la simplicité des matériaux naturels est un gage de confort.

Chic, mais responsable

La volonté de plus en plus affirmée des maîtres d’ouvrage de se plier aux exigences environnementales renforce cette tendance : « On a un mouvement très fort vers l’écoresponsabilité, constate Thierry Vernhes-Chazeau. Les marques nous imposent des normes qui nous conduisent à prêter attention aux matériaux utilisés. » Dans un souci d’éthique, le bois brut est devenu incontournable. Plus question aujourd’hui pour l’agence d’utiliser des matériaux composés de type stratifié, aggloméré ou MDF dont les liants intégreraient des produits chimiques non conformes à la réglementation. D’ailleurs, les fournisseurs l’ont bien compris et proposent de plus en plus de matériaux respectant les normes d’écoresponsabilité. Depuis deux ans, les hôtels Greet chez Accor font de cet impératif leur marque de fabrique : le mobilier et l’agencement sont réalisés à partir de matériaux de seconde vie.

 L’idée était de miser sur les couleurs neutres et les matériaux naturels afin d’offrir des espaces relaxants. Les miroirs jouent quant à eux sur les volumes et les hauteurs de plafond.
Photo : Atelier Dotcom

Entre choix et contraintes

Le bois retrouve sa place d’honneur dans les choix d’agencements. « Nous adorons travailler avec du bois massif, j’en mets d’ailleurs dans tous mes projets. Malheureusement, le tout bois n’est pas toujours possible pour des raisons de coûts », regrette Thierry Vernhes-Chazeau. Excepté dans les hôtels haut de gamme où les budgets sont plus importants. Ce fut le cas par exemple pour le projet Novotel de Bordeaux-Saint-Jean, livré en 2021. Au plafond, des panneaux en bois massif vernis de chez Laudescher ajoutent une touche chaleureuse et esthétique incontestable, et garantissent la qualité acoustique. « Mais quand ce n’est pas possible, on doit s’adapter. On pourrait réaliser le même habillage en stratifié. De loin, le rendu est proche. Mais pour qui aime le bois, la différence est sensible. » Pour les hôteliers dont le budget est limité, il existe aujourd’hui des solutions de « rendu bois » parfaitement adaptées comme les surfaces décoratives en bois naturel de chez Oberflex ou les placages bois de Hubler, dont le rendu est étonnant. Elitis propose également des papiers peints tissés ou gravés, qui laissent apparaître les nœuds et les veinules des essences. Les contraintes d’usage peuvent aussi parfois pousser vers l’emploi d’autres matériaux.

Pour des lieux à forte fréquentation, la tendance générale est plutôt au carrelage, au grès-cérame ou à la moquette qui habille encore la majorité des chambres d’hôtel « Nous aimerions mettre du parquet en bois dans les chambres, mais cela pose des problèmes phoniques. La moquette reste ce qui isole le mieux phoniquement. Sur un parquet vous êtes à 6 dB de réduction ; avec une sous-couche acoustique, on monte à 18 dB ; mais avec la moquette, c’est 30 ou 40 dB. Cela n’a rien à voir », explique Thierry Vernhes-Chazeau. Là encore, des compromis sont possibles grâce à des revêtements PVC qui imitent le bois quasi à la perfection tout en adoptant une démarche bio et responsable. Mais pour l’agence Option d’Intérieur, il y a toujours moyen de faire place au bois : « Si l’on doit utiliser un papier peint mural pour ses qualités techniques, rien n’empêche d’installer un soubassement et des baguettes moulurées en bois massif. Cela donne un effet classique qui pourra être cassé par un mobilier contemporain », suggère Thierry Vernhes-Chazeau. Concilier éthique, esthétique et ergonomie est un art subtil qui demande une approche intelligente.  

Valérie Kubiak