Eurobois 2018 – La ressource française est-elle adaptée à la demande ?c

 

Les produits issus des forêts françaises correspondent-ils aux attentes des clients? Essences, qualité, prix…

Intervenants : 

  • Lionel PIET – Directeur Général de COFORET
  • Frédéric BLANC – Directeur Général de la scierie BLANC

Lionel Piet : « Coforet est une coopérative forestière. Nous gérons les forêts de 17 000 adhérents. Notre métier est d’abord de gérer la forêt, assurer la sylviculture adaptée et de récolter les bois. On collecte à peu près 700 000 mètres cube de bois. Dans le résineux, il y a deux marchés importants : le bois de 13 cm à 50 cm et ceux supérieur à 50 cm. Les bois moyens sont bien adaptés à la demande. On a un décalage entre la ressource de gros bois aujourd’hui et la demande de la première transformation. Les bois de diamètres moyens sont adaptés au marché de bois reconstitué. La masse du marché se dirige vers le bois reconstitué. Faire des petites pièces dans du gros, c’est difficile. Auparavant, les charpentes étaient faites en bois massif. Aujourd’hui, nous sommes sur des marchés plus standardisés. Il faut chercher de la productivité. Les gros bois ont donc plus de difficultés. La forêt est constituée de beaucoup de gros bois. Il y a aujourd’hui 250 millions de mètres cube de gros bois sur pieds. D’après une étude du FCBA, il y en aura 320 millions dans 10 ans. Le challenge va être de savoir comment on arrive à ne pas augmenter le volume de gros bois. L’enjeu quand on récolte du bois est de savoir comment il va être à l’intérieur. Sur le long terme, il faut arrêter de faire grossir les bois et les récolter avant qu’il fasse 500 ou 600 millimètres de diamètre. Il va falloir trouver des solutions pour sortir ce stock de gros bois qui ne va pas gagner en qualité. Il faut que tous les acteurs se mobilisent. On vit une tempête économique. Non seulement on n’arrive pas à les vendre mais la forêt ne se régénère pas. On peut aussi trouver des solutions de tri en amont de la scierie. Plus on amène de la mauvaise qualité à l’aval de la filière, plus le déficit s’accélère. Il faut qu’on arrive à détecter les qualités moyennes qui vont servir à la scierie. »

Frédéric Blanc : « Les Scieries Blanc sont situées à Marche dans la Drôme. Nous travaillons exclusivement le bois de résineux : sapin, épicéa, douglas de la région Auvergne Rhône-Alpes. Nous transformons entre 45 et 50 000 mètres cube de bois à l’année en grande partie pour le bâtiment. Il y a quelques années, on a demandé aux scieurs français d’investir pour gagner en productivité. Sur le marché de la transformation, on nous a proposé des machines qui sont capables de scier des bois jusqu’à 450 / 500 de diamètre. Pour les gros diamètres, nos coûts de sciage augmentent et les rendements de matière baissent. On se détache d’un marché sur le niveau financier et le niveau qualitatif. On commence à chercher des solutions pour essayer de gagner en productivité grâce à l’informatique notamment la lecture du bois qui nous donne le profil de façon à ce que l’on puisse augmenter nos rendements matières et également automatiser le sciage. D’ici quelques années, on arrivera à augmenter mais il faut qu’on trouve aussi le marché pour ces bois là. L’abattage des gros bois ne peut pas être mécanisé ce qui ramène encore un surcout d’exploitation. Il faut que l’ensemble de la filière réagisse avec l’appui des pouvoirs publics. On ne va pas mettre des bois de plus d’un siècle dans du bois énergie. Il faut que l’on trouve des solutions adaptées à ce produit et que ce soit économiquement viable pour tout le monde. On vient de passer quelques années économiquement difficiles. Si le marché n’existe pas sur la France, peut-être qu’à l’export ça existe.»