Fenêtres pour bâtiments passifs : critères de choix
Moins performante thermiquement qu'un mur bien isolé, la fenêtre joue un autre rôle important en régulant les apports solaires, indispensables au bon fonctionnement du bâtiment passif. Photo : Damien Vignon Architecte / Menuiserie André

Fenêtres pour bâtiments passifs : critères de choix

Selon l’étude du marché de la fenêtre publiée en septembre dernier par le Pôle fenêtre de la FFB, 98 % des fenêtres fabriquées en France en 2015 avaient un coefficient Uw inférieur à 2. Cependant, seule une petite partie de cette offre satisfait aux exigences des bâtiments passifs. L’ingénieur Maxime Thillaye du Boulay, de l’association La Maison Passive, apporte des précisions concernant les particularités de ce segment du marché.

Maxime Thillaye du Boulay : « Les fenêtres certifiées Maison Passive sont certainement des atouts pour les futures réglementations de construction et les nouvelles catégories des bâtiments. » Photo : La Maison Passive / Benoit Rajau

Wood Surfer : Quels sont les critères techniques permettant à une fenêtre de répondre aux exigences d’un bâtiment passif ?
Maxime Thillaye du Boulay : Certains critères sont indispensables pour assurer le confort et l’efficacité énergétique d’un bâtiment passif : les fenêtres étant des points faibles dans l’enveloppe thermique, il existe des valeurs cibles qui permettent d’évaluer si elles sont performantes – tant du point de vue thermique que de celui du confort. La Maison Passive recommande d’installer des fenêtres avec des valeurs Uw de 0,8 W/m.²K. Mais la pose constitue un élément déterminant : une fenêtre mal posée perd sa performance thermique. Aussi, est-ce la valeur Uw mise en œuvre qu’il va falloir plus précisément observer : la recommandation est qu’elle soit inférieure à 0,85 W/m²K. On préconise donc généralement d’utiliser un châssis performant (Uf < 0,9 W/m2.K) avec un triple vitrage ayant un bon facteur solaire (g > 50 %) et une installation alignée dans l’épaisseur de l’isolant.

Le matériau utilisé pour le châssis joue-t-il un rôle important dans les performances d’une menuiserie ? Y a-t-il des différences notables entre des fenêtres en bois, en PVC, en aluminium… ?
Tous les types de fenêtres peuvent être posés dans un bâtiment passif, pourvu qu’elles assurent le confort d’été et d’hiver : le matériau ne concerne pas le bilan thermique, seules les performances énergétiques des menuiseries auront un impact sur la consommation du bâtiment. Cependant, certains matériaux s’adaptent plus que d’autres aux fenêtres performantes et auront une influence lors d’un éventuel bilan carbone qui évalue l’énergie grise du bâtiment.

Et, en ce qui concerne le vitrage, quelles sont les valeurs Ug et Uw recommandées ? Sont-elles différentes en fonction du type de la construction : habitat, bâtiment tertiaire… ?
Sans être obligatoire, le triple vitrage est la norme pour presque tous les bâtiments passifs en France (Ug < 0,8 W/m²K), de Strasbourg à Bordeaux, de la maison individuelle à la tour de bureaux. Son confort et ses performances énergétiques en font un allié indispensable pour atteindre le standard passif.

Quels sont précisément ses avantages ? Est-il, par exemple, plus performant qu’un double vitrage pour assurer le confort d’été ?
Le triple vitrage a en effet plusieurs avantages sur le double, pour l’hiver, mais également lors des chaudes journées d’été. L’hiver, il diminue les déperditions thermiques, qui sont le plus gros gisement d’efficacité énergétique du bâtiment. Les quelques rayons de soleil hivernaux et leur chaleur, captés le jour, ne s’échappent plus la nuit. Surtout, le triple vitrage améliore le confort et permet de supprimer les parois froides que sont généralement les fenêtres et leur environnement proche : il augmente ainsi la surface « confortablement habitable » du logement. En rénovation, il augmente la température des parois (et de leur environnement proche) et réduit donc d’autant les zones propices aux moisissures. L’été, le triple vitrage limite les entrées solaires inutiles qui sont source de surchauffe.

Une construction passive impose-t-elle forcément des surfaces vitrées limitées ?
Lors de la conception d’un bâtiment passif, on privilégiera de larges surfaces de fenêtres vers le sud afin d’optimiser les gains solaires passifs. Bien que les fenêtres soient moins performantes thermiquement que les murs, les menuiseries passives isolent aussi bien que les murs des années 1980 et restent donc un atout dans la recherche d’efficacité énergétique. Une récente étude a démontré que les bâtiments labellisés bénéficiaient d’une surface de vitrage moyen allant de 16 à 25 % de la surface utile : elle n’indique cependant aucune tendance concernant une éventuelle limitation des surfaces vitrées.

Les bâtiments labellisés PassivHaus permettent de réaliser des économies d’énergie allant jusqu’à 90% par rapport aux constructions traditionnelles. Photo : Menuiserie Bader

Aujourd’hui, trouve-t-on facilement sur le marché des fenêtres compatibles avec des bâtiments passifs ?
Il existe actuellement plusieurs dizaines de fenêtres compatibles avec des bâtiments passifs : depuis le menuisier local jusqu’à la multinationale, chaque concepteur a à sa disposition une offre complète, française ou européenne et avec les matériaux qu’il souhaite. Un annuaire de professionnels disponible sur notre site internet permet de trouver certains fabricants de menuiseries de ce type.

Une fenêtre labellisée PassivHaus répond-elle également aux exigences de bâtiments à énergie positive ?
Mesurées et validées par les laboratoires du PassivHaus Institut, les performances des fenêtres certifiées permettent de s’assurer d’un niveau de qualité minimum correspondant au standard passif, standard qui nous semble inévitable pour atteindre le bâtiment à énergie positive ou quasi nulle. En effet, moins le bâtiment consommera, plus il lui sera facile d’autoproduire l’énergie dont il a besoin. Les fenêtres certifiées sont donc certainement des atouts pour les futures réglementations de construction et les nouvelles catégories de bâtiments Passif Plus (bâtiments à énergie positive) et Premium (bâtiments producteurs d’énergie).

Propos recueillis par Anna Ader


La Maison Passive : dix ans d’expérience
Créée en 2007, La Maison Passive est une association loi 1901 qui a pour objectif de promouvoir le concept de construction selon le standard Bâtiment Passif et d’encourager le développement d’une filière professionnelle, au travers notamment des formations qu’elle délivre. C’est le seul organisme en France habilité à réaliser la certification européenne PassivHaus. En dix ans d’existence, l’association a labellisé plus de 200 bâtiments passifs. Elle compte aujourd’hui près de 500 membres, professionnels et particuliers.
www.lamaisonpassive.fr

Cet article est paru dans Wood Surfer n°98. Pour retrouver l’intégralité du magazine, rendez-vous sur www.kiosque21.com >