L’Office national des forêts (ONF) a publié le bilan 2025 des feux de forêt en France métropolitaine. Si la saison a été moins dévastatrice que celle de 2022, les chiffres confirment une tendance préoccupante : les incendies progressent vers le nord et menacent de plus en plus les massifs productifs et les zones d’exploitation forestière. Pour la filière bois, c’est un signal fort : le risque climatique n’est plus marginal, il devient un paramètre structurel de la gestion et de la valorisation des forêts françaises.
Des incendies maîtrisés, mais une ressource fragilisée
Grâce à la mobilisation des services DFCI, des pompiers et de l’ONF, la plupart des feux ont été contenus rapidement. Mais même localisés, les sinistres laissent des traces durables sur la qualité des bois, les volumes exploitables et la sécurité des chantiers forestiers.
Certaines essences, comme le pin maritime ou le douglas, montrent une bonne capacité de reprise après feu, mais les dommages internes – fissures, pertes mécaniques, carbonisation partielle – limitent souvent leur utilisation en construction. Pour les scieries, charpentiers et industriels, cela signifie une baisse ponctuelle des approvisionnements locaux et un renforcement des besoins d’adaptation logistique.
Un risque désormais national
Autre enseignement majeur : les incendies ne concernent plus seulement le Sud. Les régions du Centre, du Grand Est et de Bourgogne-Franche-Comté connaissent à leur tour une recrudescence des départs de feu. Ces zones, historiquement tournées vers la production de bois d’œuvre et d’industrie, sont désormais intégrées aux cartes de risque.
Pour les gestionnaires forestiers, cela impose une évolution des pratiques sylvicoles : diversification des essences, création de zones coupe-feu naturelles, réorganisation des pistes et voies d’accès pour permettre des interventions rapides.
La reconstitution : un enjeu économique et climatique
Chaque incendie implique un double chantier : restaurer les écosystèmes et reconstituer une ressource économiquement viable. L’ONF privilégie désormais les essences résilientes face à la sécheresse et au feu, tout en cherchant à maintenir une cohérence avec les filières locales existantes.
Ces nouvelles plantations – chênes sessiles, pins laricio, cèdres, mélèzes ou encore feuillus méditerranéens – traduisent un changement profond dans la gestion du patrimoine forestier français. Elles visent à assurer la pérennité d’une ressource stratégique pour la construction, l’emballage, le mobilier et l’énergie.
Anticiper, adapter, reconstruire
Pour la filière bois, les feux de forêt ne sont plus seulement un aléa environnemental, mais un facteur structurant de production. Les entreprises doivent désormais intégrer ce risque dans leurs plans d’approvisionnement, leurs politiques RSE et leurs choix de matériaux.
L’ONF appelle à renforcer les synergies entre les acteurs publics et privés – exploitants, industriels, transporteurs, assureurs – pour bâtir une économie du bois résiliente face aux crises climatiques à répétition.
En savoir plus sur la stratégie nationale de prévention et de reconstitution forestière après incendie : www.onf.fr/vivre-la-foret/enjeux-foret/risques-naturels-foret/feux-foret