Immeuble Le Haut-Bois à Grenoble (38)

  • Architectes :
  • ASP Architecture (88)
  • Atelier 17C (38)
  • Maîtrise d’ouvrage : Actis (38)
  • BET structure HV Conseil (73)
  • Charpentier bois  SDCC (38)

Parti architectural

ASP Architecture et Atelier 17C ont livré, en début d’année, pour le compte d’Actis, Office public de l’habitat de Grenoble, un bâtiment de 56 logements sociaux.

Situé au centre géographique de la ville de Grenoble, le quartier Flaubert fait sa mutation. De tissu urbain marqué par l’industrie et devenu friche, il se transforme en quartier mixte à visée écologique. En cours de construction, il accueille, au fil des livraisons, des logements et des équipements avec des objectifs environnementaux importants. Terminé en 2024, il comptera 1 400 logements, 9 000 m2 d’activité et de bureaux, plusieurs hectares de parcs urbains et 5 000 m2 d’équipements dont une école. Le programme Flaubert, dont le premier élément structurant, le parc, a été inauguré en 2015, a été pensé par l’agence d’architecture et d’urbanisme Sathy, coordinatrice, autour d’une démarche de participation citoyenne qui a associé les acteurs du quartier, les riverains et des étudiants en architecture. C’est dans ce cadre qu’Actis, OPH de la métropole grenobloise, a remporté le concours avec les agences ASP Architecture, avec Antoine Pagnoux, et Atelier 17C, avec Jacques Felix-Faure, pour réaliser l’opération Le Haut-Bois. Très actif, avec une démarche responsable sur le plan environ­nemental, Actis a été le premier bailleur à livrer une résidence de logements sociaux certifiée BBC sur le département de l’Isère en 2010. Pour cette opération, l’OPH souhaite marquer encore une fois un nouveau tournant dans le secteur. Le Haut-Bois est en effet le premier bâtiment de cette envergure labellisé PassivHaus par ventilation double flux et le premier à structure bois sur neuf niveaux dans un environnement classé risque sismique moyen. Le gabarit avec ses deux volumes en R + 5 et R + 8 et leur exposition peu favorable sont contraints par le règlement du concours. Plutôt que créer des cages d’escalier bornes au cœur des constructions, les architectes ont pris le parti de créer des circulations verticales extérieures. Celles-ci donnent à voir le paysage et notamment les massifs de la Chartreuse, de Belledonne et le Vercors. Éclairées naturellement, elles deviennent des lieux de rencontre et de convivialité. La façade sud du bâtiment dispose de larges baies qui accueillent le soleil d’hiver et de balcons qui coupent le soleil d’été. Ces derniers sont rapportés sur la façade et indépendants pour éviter les ponts thermiques. Des brise-soleil orientables complètent le dispositif. Le zinc a été choisi en revêtement pour sa durabilité. Une teinte claire et son albédo élevé ont été préférés pour éviter la surchauffe l’été.

Un bâtiment passif

L’immeuble certifié PassivHaus a un besoin en chauffage inférieur à 15 kWh/m2/an. Cet objectif est atteint grâce à une grande perméabilité à l’air, à une isolation importante et à des fenêtres à triple vitrage. Le chauffage des logements est ainsi uniquement assuré par la VMC double flux dont la présence libère les murs de tout émetteur de chaleur. La batterie chaude de la VMC profite d’un réseau de chaleur vertueux qui permet également de produire l’eau chaude sanitaire. Celle-ci est préchauffée grâce au système canadien Power Pipe réutilisant la chaleur des eaux grises par gravité. Sur dix litres d’eau chaude, trois sont chauffés sans apport d’énergie.

Intervenants :

  • Maître d’ouvrage : Actis (38)
  • Architectes : ASP Architecture (88) ; Atelier 17C (38)
  • BET structure : HV Conseil (73)
  • BET fluides et thermique : Terranergie (88)

Programme :

  • Coût de l’opération : 11 M€ TDC
  • Coût travaux : 6 M€ HT
  • Coût au mètre carré habitable : 1 750 € HT
  • Surface de planchers : 3 784 m2 

Calendrier :

  • Livraison début 2022
  • Durée du chantier : 12 mois

 

 

Étude et conception

Le Haut-Bois est le premier bâtiment de logements R + 8 tout bois construit en zone sismique modérée. Hervé Vieille, ingénieur structure bois et gérant de HV Conseil, et Florian Mahler, de Ingénierie Bois, ont travaillé à cette première au sein de l’équipe de maîtrise d’œuvre.

Le bâtiment de 56 logements est composé de deux blocs en CLT qui reposent sur les infra­structures en béton armé du rez-de-chaussée. Celles-ci assurent le transfert des charges verticales et horizontales provenant des niveaux supérieurs aux fondations. À la différence d’une solution tout béton qui aurait nécessité des fondations profondes pour retrouver le sol propice 11 m plus bas, le bois a permis de se limiter à des fondations superficielles qui descendent à 1,80 m. La ville de Grenoble est classée en zone 4 de sismicité moyenne, et la nature des formations géologiques locales peut provoquer une amplification du mouvement sismique appelée « effet de site ». Cette contrainte pour une structure bois de près de 30 m de hauteur a demandé un travail fin de sa modélisation. Le dimensionnement des panneaux CLT et l’analyse sismique ont été effectués avec le logiciel RFEM de Dlubal Software, en particulier, les modules RF-Dynam Pro et RF-Laminate. Les épaisseurs de panneaux ont pu être optimisées, celles-ci diminuant dans les étages élevés. Les deux blocs bois de part et d’autre du bloc central en béton ont été conçus pour être indépendants et libres de mouvement en cas de séisme. Ainsi, l’amplitude du déplacement horizontal peut approcher 40 mm en cas de séisme, en partie haute de la structure. L’effet diaphragme des planchers en CLT a été exploité pour transmettre les efforts horizontaux exercés par les séismes et le vent dans les murs porteurs et de contreventement verticaux en CLT, jusqu’aux fondations. Les refends et les voiles périphériques en CLT assurent ainsi la stabilité des deux blocs bois indépendamment du bloc central en béton qui accueille les escaliers et l’ascenseur. Les planchers sont fixés aux murs CLT grâce à des muralières, et quelques files de structure à poteau-poutre métallique et BL-C recoupent leurs portées au cœur du bâtiment.

Réalisation

La Société Dauphinoise de Charpente Couverture (38), située à deux pas de Grenoble, a eu la charge du macrolot clos et couvert du Haut-Bois.

La préfabrication a été poussée à l’extrême pour le chantier du Haut-bois. Outre les panneaux de CLT découpés à l’usine de KLH en Autriche, les MOB des façades ont été réalisés en atelier sur les lignes de fabrication de la Société Dauphinoise de Charpente Couverture (SDCC) à Varces durant l’été 2021, avant même la mise en place de la structure en CLT. Réalisés sur trois mois pour 2 500 heures d’atelier, ceux-ci ont été conçus en modules et intègrent toutes les couches nécessaires à la façade. On y trouve l’ossature bois, son isolant, le voile contreventant (Fermacell), la vêture en zinc prépatiné, les menuiseries mixtes bois/aluminium, leurs garde-corps et, enfin, les brise-soleil orientables. Livrés prêts à poser, ils sont mis en œuvre grâce à une grue à tour, les Compagnons travaillant depuis des nacelles. Ils sont empilés les uns sur les autres et plaqués aux panneaux structurels à l’aide de vis depuis l’intérieur de la construction. Les jonctions entre panneaux sont traitées lors de la pose et correspondent à une largeur de bac zinc. L’entreprise a commencé par la mise en œuvre du CLT à raison d’un niveau par semaine et par bloc, avant celle des murs-manteaux en MOB, en commençant par le bloc R + 5.

Essences, cubages et surface :

  • CLT et MOB : épicéa
  • Menuiseries extérieures : chêne et hêtre 1 500 m3 de CLT KLH, soit 9 000 m2 pour les murs extérieurs, les refends, les planchers et les supports de toitures 700 m3 de bois pour les MOB

 

Logistique, délais et coût :

  • Atelier : Hundegger K2-Industry
  • Matériel de levage utilisé sur le chantier : grue à tour, chariot télescopique, nacelle
  • Montant du lot bois : 4,09 M€
  • Livraison : début 2022

 

Entreprise :

  • Président : David Bosch
  • Directeur : Emmanuel Favet
  • Directeur des travaux : Romain Cognet
  • Date de création : 1981

Le cahier a été réalisé par Bastien Lechevalier, architecte DPLG.

Cet article est extrait de Wood Surfer n°127> Découvrir le numéro en intégralité <