Lamellé-collé en Douglas : une spécialité française
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Lamellé-collé en Douglas : une spécialité française

Fabricant de structures en bois lamellé-collé, la société Cosylva est aujourd’hui le premier lamelliste français labellisé « Bois de France » pour ses produits en Douglas. Une certification qui correspond en tous points à l’engagement pris par l’industriel depuis des années : augmenter la part de bois français dans le secteur de la construction.

Piscines, gymnases, centres équestres, lycées, bâtiments agricoles, grandes surfaces commerciales, sièges sociaux d’entreprises et d’institutions, bâtiments de grande hauteur… Les structures en bois lamellé-collé de Cosylva se retrouvent dans tous types de constructions et le fabricant accompagne les bureaux d’études et les charpentiers dès la phase de conception jusqu’à la finalisation des projets en fournissant des préétudes, en préassemblant certains éléments avant livraison, en organisant tous les types de transport… Garantissant une qualité industrielle, le fabricant met à disposition de ses clients des fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) pour tous ses produits.

Le bois utilisé dans la production de lamellé-collé présente un taux d’humidité de 12 %, ce qui garantit sa stabilité dimensionnelle. Ici, la charpente d’une halle de production de la société Alsapan à La Courtine (23). Architecte : Guy Graf.
Photo : Cosylva

Travailler en circuit court

Avec ses deux sites de production dans la Creuse, à Langladure et Bourganeuf, Cosylva maîtrise tout le processus de fabrication de ses bois de structure : depuis la première transformation (sciage, séchage, tri et classement des bois) jusqu’à la fabrication, l’usinage et l’assemblage. Chaque année, elle réalise 20 000 m3 de produits finis, dont la moitié provient d’épicéas issus de forêts scandinaves et la seconde de forêts de Douglas du Massif central. Une ressource disponible dans un rayon de 50 à 100 km autour de l’entreprise. Acteur majeur de la transformation du Douglas en France, disposant déjà des certifications Acerbois et PEFC, la société Cosylva a décidé de rejoindre le réseau Bois de France dès 2021 en voyant dans ce label la possibilité de mieux répondre aux nouvelles demandes de traçabilité des bois. Julien Bouthillon, président de Cosylva, nous explique les raisons de cette démarche et présente les objectifs de sa société.

Travailler avec des bois français est votre marque de fabrique depuis plus de 30 ans et pourtant, avant d’adhérer au label Bois de France, vous n’avez jamais essayé de vous lancer dans une procédure de certification prouvant que vous utilisez des bois provenant de l’Hexagone. Pourquoi ?

Julien Bouthillon : Jusqu’à présent, les demandes de certification de provenance des bois étaient relativement rares. De plus, les labels existants, comme Bois des Alpes ou Bois des territoires du Massif central, garantissent une provenance précise des bois, souvent par massif ou par région, et imposent une séparation physique des stocks en fonction de l’origine des bois. Cela conduit à une augmentation des coûts de fabrication et ce n’est sûrement pas notre objectif. Nous avons toujours voulu développer l’utilisation du bois français dans la construction, notamment à travers le lamellé-collé de Douglas. Le label Bois de France nous correspond parfaitement et nous permet de répondre aux nouvelles demandes de traçabilité qui apparaissent dans les cahiers des charges. Nous garantissons que les Douglas que nous transformons proviennent à 100 % de forêts françaises, donc la gestion des stocks ne pose aucun problème.

Aujourd’hui, la moitié du volume de produits finis que vous réalisez provient de forêts de Douglas du Centre de la France et l’autre moitié d’épicéas issus de forêts scandinaves. Pensez-vous que cette proportion va changer dans les années à venir ?

Julien Bouthillon

président de Cosylva, « Aujourd’hui, le Douglas représente 50 % de notre production de bois lamellé-collé. »

Le site de Bourganeuf, dédié à la fabrication du lamellé-collé, est équipé
de trois centres de taille à commande numérique (Créno, Speed-Cut SC3 et Routech Oikos) permettant de réaliser tous les types d’usinage, sur des poutres droites ou courbes, jusqu’à 50 m de longueur.
Photo : Cosylva 

Nous dépendons des maîtres d’ouvrage ce sont eux qui décident. Encore aujourd’hui, nous répondons à des appels d’offres, privés mais aussi publics, qui imposent d’utiliser des bois d’importation. C’est le plus grand frein. Il ne s’agit pas d’un problème de prix ou d’une volonté politique, c’est plutôt la force de l’habitude. Cependant, la situation internationale, les tensions que nous connaissons en termes d’approvisionnement et la volonté politique d’améliorer les bilans carbone des constructions devraient conduire rapidement à une utilisation plus importante de notre ressource nationale. De plus, la filière française est vraiment en train de s’organiser pour proposer une offre pérenne et économiquement intéressante. Je suis assez confiant sur le fait qu’on mette de plus en plus de bois français dans nos constructions, même si à mon avis cela ne va pas encore assez vite.

Est-ce que votre entreprise est capable d’augmenter la production de lamellé-collé de Douglas pour qu’elle représente plus de 50 % de votre offre ?

Pour s’organiser et avoir une capacité de production plus importante en Douglas, nous investissons en continu depuis plus de 10 ans. Cela représente environ 7 millions d’euros. En 2018, nous avons construit de nouveaux bâtiments de stockage. L’année dernière, l’installation de nouveaux séchoirs a permis de monter la capacité de production en bois secs à un peu plus de 1 000 m3 par mois. Si demain, nous devions réaliser 100 % de notre production en bois français, il faudrait doubler les capacités de notre scierie. C’est faisable, mais à condition que la demande soit là. 

 La structure de la piscine de Chambéry, projet de l’agence ALN Atelien Architecture, met en œuvre 285 m3 de lamellé-collé de Douglas fabriqué dans les ateliers de Cosylva.
Photo : Cosylva
La construction de nouveaux bâtiments en 2018 a permis d’augmenter la capacité de stockage de bois secs à plus de 6 000 m3.
Photo : Cosylva

La ressource française de Douglas est-elle suffisante pour envisager le développement de l’offre en lamellé-collé ?

Actuellement, toutes les études et projections montrent un accroissement des volumes disponibles et les récoltes vont augmenter pendant les 15-20 prochaines années. En revanche, il est primordial de s’intéresser à la replantation pour assurer la continuité de cette disponibilité. Aujourd’hui, la surface plantée en Douglas représente seulement 3 % de la forêt française pour plus de 17 % des sciages. C’est effectivement une forêt qui est plantée pour être cultivée et exploitée, mais dont la proportion reste très faible pour faire face aux enjeux écologiques de demain. Je suis persuadé qu’il est possible d’assurer une ressource durable et suffisante, tout en préservant la biodiversité qui est un enjeu tout aussi important. 

Propos recueillis par Anna Ader

Cosylva en bref

Date de création : 1983

Effectifs : 90 personnes

CA 2021 : 18,5 millions d’euros

 

Cet article est extrait de Woodsurfer n°125 > Consulter la version numérique <