Le bardage bois se porte bien : carpe diem !

Avec une progression de 25 % depuis 2020, soit depuis le début de la crise sanitaire, le secteur du bardage bois enregistre un résultat exceptionnel. S’agit-il d’une embellie passagère ou d’une tendance qui s’établira à plus long terme ? L’étude* menée par Jean‑Marc Mornas pour le compte de l’association Le Commerce du bois (LCB) dresse un portrait complexe de ce marché.

 

L’épidémie de la Covid-19 a impacté fortement tous les secteurs économiques, mais parfois – paradoxalement – avec des effets positifs. Enfermés chez eux pendant les périodes successives de confinement, les Français se sont concentrés sur les travaux d’amélioration de l’habitat. Ce constat, fait par plusieurs intervenants du marché de la rénovation et du bricolage, est également partagé par les industriels de bardage bois interrogés dans le cadre de l’étude Mornas. Si, entre 2012 et 2019, les ventes stagnent (+1,5 % par an), le secteur enregistre une progression de 12,5 % entre 2019 et 2020 pour dépasser 6 millions de m2 et de 25 % entre 2020 et 2021. « En 2020, le marché de bardages bois était de 6 450 000 m2 et on estime le marché pour 2021 à 7 150 000 m2 », précise l’auteur de l’étude.

À la demande de LCB, FCBA a élaboré deux fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) pour les bardages « toutes essences et toutes provenances ». Publication prévue en janvier 2022.
Photo : Élodie Dugué pour Trecobat (fournisseur : Silverwood)

Le secteur public plébiscite le bois

Les particuliers ne sont pas les seuls maîtres d’ouvrage à l’origine de cette embellie. Selon les acteurs du marché, la demande émanant des collectivités locales pour des bâtiments bois et des bardages bois sur des équipements publics est de plus en plus fréquente. Et le grisaillement du bois n’est plus un frein à condition d’être homogène. Ainsi, les bardages prégrisés avec saturateurs sont très bien accueillis dans ce segment du marché où le travail de prescription a porté ses fruits avec une hausse de la demande de 7,3 % en 2019 par rapport à 2018. À signaler également une demande croissante de l’offre de bardage en bois local et notamment en bois feuillus.

Les saturateurs s’imposent

L’étude englobe quatre types de bardages : autoclaves, naturels, avec saturateur et peints. Sur les quatre dernières années, il y a eu peu d’évolutions. Seules les ventes de bardages avec saturateur progressent de façon significative (+145 % de volume en quatre ans). Celles de bardages peints chutent de 27 %. Aujourd’hui, les bardages avec finition représentent 29 % du marché (24 % en 2016). Les ventes de bardages autoclaves – les plus économiques – restent majoritaires, mais depuis 2016 la demande du marché s’oriente de plus en plus vers des produits de qualité et à plus forte valeur ajoutée. Des bardages « sur mesure » sont de plus en plus demandés par des architectes pour des projets avec des formats différents, mélanges de finitions et de couleurs. Idem pour les bardages claire-voie ou faux claire-voie qui donnent un aspect plus contemporain aux bâtiments. On note également une forte demande pour des produits naturellement durables, sans traitement chimique, surtout de la part des architectes impliqués dans la construction bois. En termes d’essences, on retrouve surtout le pin du Nord, le douglas, le mélèze et le Red Cedar.

L’augmentation des ventes de bardages avec saturateurs s’accompagne d’une chute de popularité des produits peints.
Photo : Piveteaubois

Optimisme prudent

Selon l’étude, la forte progression du marché du bardage sur 2020 et 2021 risque de ne pas s’inscrire dans la durée. Plusieurs raisons à cette projection. Tout d’abord, les travaux d’amélioration de l’habitat devraient revenir à un rythme normal avec la diversification de la consommation des ménages si la crise sanitaire est mieux maîtrisée. Le fait que sur le marché non résidentiel le nombre de mises en chantier a baissé de 16,3 % et le nombre de permis autorisés de 19,2 % en 2020 laisse présager la baisse de prescriptions de bardage à l’horizon fin 2022 et 2023. Autre élément important : une baisse de 7 % des mises en chantier et de 15 % des permis de construire en 2020 sur le marché du logement. Sans oublier les tensions de matière sur 2020 générant des hausses de prix importantes qui pourraient à moyen terme impacter la construction bois pour des raisons de compétitivité et de fait faire baisser la demande de bardages. Cependant, l’arrivée de la RE 2020, et avec elle des bâtiments bas carbone, est un facteur qui devrait, malgré tout, maintenir la progression de ce secteur, même si le rythme sera moins soutenu. « À un horizon de quatre ou cinq ans, le marché du bardage, en tenant compte de l’évolution des marchés support, devrait pouvoir raisonnablement se situer autour de 6 600 000 – 6 700 000 m2 vendus, estime Jean-Marc Mornas. Par rapport à 2019, contexte avant crise, il pourrait donc progresser de 16 à 17 % d’ici 2025. »

Anna Ader

 

* L’étude a été réalisée sur la base de 13 entretiens, dont 8 avec des principaux producteurs de bardages, membres de LCB. Elle porte sur la période 2016-2020 avec, pour 2021, des projections faites par les industriels en fonction de l’activité constatée sur la période de janvier à avril/mai 2021.

 

Cet article est extrait de Wood Surfer n°124 > Consulter la version numérique <