Le CLT « made in France » : l’offre s’enrichit

Le CLT « made in France » : l’offre s’enrichit

À Volgelsheim (Haut-Rhin), la société Schilliger Bois, faisant partie du groupe suisse Schilliger Holz, vient d’inaugurer sa nouvelle usine de CLT. Un investissement qui devrait permettre au fabricant alsacien de multiplier par dix sa production actuelle.

Grande nouveauté proposée dès cet été, les panneaux CL-Therm intégrant une isolation en laine de bois permettront d’optimiser le transport et la phase chantier.
Photos : Schilliger Bois

Scierie à l’origine, le site de Volgelsheim est entré dans le giron du groupe Schilliger en 2009. Au départ, la société française produit des bois aboutés, puis, à partir de 2015, des panneaux CLT. Si ses capacités de production ne sont pas énormes (5 000 m3 par an), Schilliger Bois réussit en quelques années à s’imposer sur le marché français, notamment au travers de réalisations prestigieuses et techniquement complexes comme le Palazzo Nice Méridia (immeuble de bureaux R+9 conçu par Architecture Studio pour le compte de Nexity Ywood) ou le théâtre flottant L’Île Ô à Lyon (projet de l’agence d’architecture néerlandaise Waterstudio).

Innovation comme marque de fabrique

Le projet de l’investissement en France est acté en 2020, juste après l’inauguration de la nouvelle usine en Suisse. Il s’agit de mettre en place une ligne innovante, sur mesure, permettant non seulement d’augmenter les capacités de production de l’ancien outil, mais également de fabriquer une nouveauté que Schilliger Bois proposera dès cet été : les panneaux CLT avec isolation intégrée, CL-Therm. L’usine, représentant un investissement de 42 millions d’euros, occupe presque 13 000 m². La conception et la fabrication du nouvel outil de production ont été assurées par Ledinek. Le constructeur slovène s’est également chargé de son installation.

L’équipement peut produire des panneaux de dimensions allant jusqu’à 3 450 mm en largeur et 16 000 mm en longueur. Leur épaisseur est comprise entre 27 et 500 mm. Grâce à la ponceuse deux faces intégrée, le fabricant est en mesure de proposer un calibrage et un ponçage systématiques. Aujourd’hui, l’entreprise qui compte au total 110 collaborateurs emploie 15 personnes en deux équipes dans l’atelier des bois collés. « D’ici la fin de l’année, nous allons embaucher dix nouveaux collaborateurs pour la production, annonce Guillaume Wermelinger, nouveau directeur général de Schilliger Bois, arrivé en janvier dernier. En termes de volume, on a des perspectives de progression sur plusieurs années. »   

Anna Ader

 Pour la production des panneaux CLT destinés au marché hexagonal, l’usine de Volgelsheim utilisera exclusivement des bois issus des forêts françaises : épicéa, sapin et Douglas.

Schilliger Bois

Effectif : 110 personnes dont 5 au bureau d’études
CA 2023 : 44,5 millions d’euros

Trois questions à Guillaume Wermelinger, directeur général de Schilliger Bois

 

Vous venez de prendre les rênes de la filiale française du groupe Schilliger au moment où elle augmente par dix ses capacités de production de CLT. Quels sont vos principaux objectifs ?

Nous allons tout d’abord nous concentrer sur la prescription et la promotion de cette solution. Si l’on fait un focus sur le marché français, d’après mon analyse, en même temps que le CLT se développe chez les industriels, il doit se développer chez les intervenants du secteur de la construction, qu’il s’agisse des logements ou des ERP. En comparaison avec des pays comme la Suisse, l’Allemagne, l’Autriche ou encore les pays scandinaves, où le marché de la construction bois est plus mûr, la France offre beaucoup de perspectives de développement en termes de volume. Dans un contexte de raréfaction du foncier et surtout avec des objectifs de décarbonation à des échéances très proches, il faut mener un travail de prescription sur tous les fronts : chez les promoteurs immobiliers, dans les entreprises générales de construction, chez les bailleurs sociaux et les entreprises de pose… Nous avons également beaucoup de projets à l’export : au Maghreb, en Espagne ou encore au Portugal.

L’augmentation de la capacité de production de CLT implique l’augmentation des besoins en matière première. Comment allez-vous gérer l’approvisionnement de l’usine ?

Nous sommes idéalement placés entre les Vosges et la Forêt-Noire, donc on ne craint pas de manquer de bois. Pour les projets en France, la production se fera entièrement à partir de la ressource vosgienne. En novembre dernier, nous avons rejoint le label « Bois de France » pour pouvoir proposer à nos clients hexagonaux des bois correspondant à cette demande de plus en plus fréquente. Pour l’export, une partie du bois pourra provenir également de la Forêt-Noire.

Plusieurs fabricants de CLT ont ces dernières années augmenté leur capacité de production. De quels arguments disposez-vous pour convaincre les clients de s’adresser à vous ?

La devise de l’entreprise « Compétence et innovation » résume assez bien notre particularité. Ce que l’on détecte tout de suite chez nos équipes, c’est la passion pour le produit bois. Ce sont des charpentiers dans l’âme, et ce, à tous les postes : responsables de production, chefs de projets, ingénieurs au bureau d’études, commerciaux. Tous ont une compétence technique très forte, ce qui nous permet d’amener de la flexibilité, du sur-mesure et de la qualité dans l’ouvrage.

Notre force n’est pas de faire des volumes et des volumes de panneaux CLT standardisés comme les grands fabricants européens. En revanche, nous sommes capables de nous adapter à différentes contraintes, d’accompagner nos clients dans leurs projets à tous les niveaux. Côté innovation, nous sommes les premiers en France à proposer du CLT avec l’isolant intégré. Le CL-Therm est un produit d’avenir qui offre de nombreux avantages : moins de manipulations, moins de transport, meilleur bilan carbone. Une solution qui a toutes les chances de se développer rapidement aussi bien en France qu’à l’export.

Cet article est extrait du numéro 136 du magazine WoodSurfer disponible sur Calameo.