Sécurité incendie de la construction bois : il y a le feu

La révision de la réglementation sécurité incendie des constructions en bois piétine. Une situation qui inquiète une partie des membres du Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique (CSCEE). Y aura-t-il un décret pour Noël ?

L’arrivée de la réglementation environnementale était censée favoriser l’approche biosourcée de la construction et renforcer la présence du bois dans les bâtiments neufs, notamment les immeubles, afin de réduire leur empreinte carbone. Ces belles annonces auraient dû être accompagnées d’un cadre réglementaire avant l’entrée en vigueur de la RE2020 le 1er janvier 2022. Au lieu de cela, six mois plus tard, la très attendue réglementation nationale sécurité incendie de la construction bois fait toujours défaut, la confusion règne et de nombreux projets se retrouvent bloqués.

L’arrivée de la réglementation environnementale était censée favoriser l’approche biosourcée de la construction et renforcer la présence du bois dans les bâtiments neufs, notamment les immeubles, afin de réduire leur empreinte carbone. Ces belles annonces auraient dû être accompagnées d’un cadre réglementaire avant l’entrée en vigueur de la RE2020 le 1er janvier 2022. Au lieu de cela, six mois plus tard, la très attendue réglementation nationale sécurité incendie de la construction bois fait toujours défaut, la confusion règne et de nombreux projets se retrouvent bloqués.

 

La tactique du gendarme

En revanche, la préfecture de police de Paris a pris les devants en publiant, il y a déjà un an, la désormais célèbre « Doctrine pour la construction des immeubles en matériaux biosourcés et combustibles ». Ce document de 20 pages est signé par la direction des transports et de la protection du public, la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, le laboratoire central de la préfecture de police et le service des architectes de sécurité. L’annonce de sa parution a particulièrement surpris les acteurs de la filière bois qui ne s’attendaient pas à une telle initiative unilatérale alors que, comme le précise d’ailleurs le document en question, « depuis plusieurs années, différents groupes de travail ont été organisés, tant par des sociétés privées que par des entités institutionnelles, pour étudier les incidences de l’utilisation massive du bois dans les projets de construction ». On peut rappeler notamment la publication en mars 2021 par Adivbois de quatre notes de préconisation et d’un guide concernant les risques d’incendie dans les immeubles en bois qui ont permis de lancer les programmes immobiliers des JO de Paris 2024. La « Doctrine Bois », parue quatre mois plus tard – sans que les représentants de la filière bois ne soient consultés – se montre beaucoup plus restrictive et s’applique indifféremment à tous les immeubles, quel que soit leur usage (logements, bureaux, ERP…), notamment pour « permettre la réversibilité et la mixité ». L’encoffrement systématique des éléments en bois apparent à partir de 8 m de hauteur ou, à défaut, la mise en place des systèmes d’extinction automatique à eau, est un autre sujet qui provoque le mécontentement des professionnels de la construction en bois. S’il ne s’agit que d’une doctrine, le texte est d’ores et déjà appliqué par des services d’instruction de permis de construire et les acteurs de la filière craignent qu’il ne serve pour l’élaboration de futures réglementations sécurité incendie.

Points de vigilance

Le 3 mars dernier, une douzaine de membres du Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique 1 signaient une note de positionnement vis-à-vis des travaux en cours. Le document souligne avant tout « la nécessité impérieuse de disposer très rapidement de la nouvelle réglementation dont l’entrée en vigueur doit intervenir au plus tard fin 2022 ». Nationale, celle-ci devra être la seule à faire référence. Les signataires s’opposent à l’édiction de réglementations locales : « La multiplication des “doctrines” ne peut être que source de confusion. » La future réglementation ne doit par ailleurs pas imposer de solutions techniques trop coûteuses ou difficiles à mettre en œuvre. Afin que les bâtiments répondent aux exigences de la RE2020, il faut également préserver la « performance carbone » du bois. Les auteurs du texte contestent aussi la prise en compte de la « réversibilité » comme moyen d’aligner la réglementation sur le niveau d’usage le plus contraignant. « Il est impératif de préserver une approche qui tienne compte des différents usages, même si la réversibilité doit être anticipée. » Il suffit de prévoir les adaptations nécessaires au moment où le changement d’usage devra intervenir. Pour finir, les signataires de la note souhaitent que les travaux et les études techniques nécessaires à l’élaboration de la réglementation soient conduits par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) afin de garantir l’indépendance de l’analyse. Le temps presse.

Anna Ader

Cet article est extrait de Wood Surfer n°127 > Découvrir le numéro en intégralité <