L’Échappée : une ludomédiathèque qui porte bien son nom

L’Échappée : une ludomédiathèque qui porte bien son nom

Situé entre un ensemble résidentiel et des champs, le nouvel équipement culturel d’Herblay-sur-Seine (95) s’inscrit harmonieusement dans le paysage tout en répondant aux enjeux urbains de la ville. Conçu par l’Atelier WOA, le bâtiment marie le bois à la pierre. Un mariage heureux offrant à l’intérieur un grand espace de liberté !

La structure bois offre à l’équipement un plan libre de 2 000 m2, aménagé de façon spécifique pour chacune des activités.
Photos : Salem Mostefaoui

À la fois médiathèque et ludothèque, L’Échappée est le premier équipement public réalisé par l’agence parisienne. Et le défi était de taille, car il fallait dans le même volume associer salle de lecture et salle de jeux à un auditorium. Pour les architectes, il était aussi important d’imaginer une interaction entre ces deux composantes principales du projet. Sous les deux pans inclinés de la toiture, on retrouve, à l’extrémité ouest, l’auditorium de 120 places et, à l’est, les bureaux. Au centre : l’énorme volume de « la halle », obtenu grâce à la mise en œuvre de portiques en lamellé-collé d’épicéa d’une portée de 18 m. L’Atelier WOA a choisi de séparer l’auditorium de l’espace médiathèque par une cloison acoustique de 18 m de longueur composée de 12 panneaux de 3,5 m de hauteur coulissant sur des rails. Lorsque l’auditorium n’est pas utilisé, la séparation peut disparaître, ce qui augmente considérablement le volume de l’équipement. Les gradins ont été spécifiquement organisés pour offrir les sièges d’une salle de spectacle, mais aussi les assises confortables d’un lieu de lecture. Dans cette configuration ouverte, le plan libre atteint 2 000 m².

 

 

Hommage au patrimoine local

Créé en 2012 par Samuel Poutoux, Rémi Crozat et Marc-Henri Maxit, l’Atelier WOA se fait connaître à ses débuts surtout pour sa compétence bois. Mais, très vite, le collectif parisien affirme son expertise dans d’autres domaines. « Nous ne sommes pas des extrémistes du bois, précise Samuel Poutoux. Nous préférons être du côté de l’intelligence constructive et de l’agilité, et avoir recours à des solutions mixtes qui tirent le meilleur parti de toutes les conditions du projet. » L’utilisation de matériaux bas carbone est également la philosophie de l’agence depuis plus de dix ans. À Herblay-sur-Seine, les architectes ont décidé de mettre en avant la pierre faisant partie du patrimoine local : « Nous avons conçu pour ce projet des piles de pierres autoporteuses de 130 cm de largeur et de 50 cm de profondeur. Historiquement, la ville avait une tradition constructive liée à ce matériau. » La pierre provient d’une carrière souterraine familiale située à Vassens (02), à moins de 90 km du chantier.

Économie de matière

Si la pierre et le bois sont les principaux composants du bâtiment, il était nécessaire de recourir aussi au béton. « Le béton est utilisé avec parcimonie, notent les architectes. Il nous appartient d’employer le bon matériau au bon endroit. Il s’agissait de créer des contreventements, un noyau d’ascenseur et gaine pour les fluides en béton. Les sanitaires sont dans un noyau en CLT. Il s’agit également d’une question d’équilibre. Imaginer l’ensemble de cet équipement en bois implique d’être vigilant à la quantité de matière mise en œuvre. L’époque est davantage à l’économie de matière pour répondre à des enjeux budgétaires et, surtout, environnementaux. » Le bois mis en œuvre a été transformé entièrement en France. Les panneaux CLT, fabriqués par Piveteaubois, outre le noyau sanitaire, ont été aussi utilisés pour le plancher de la mezzanine et la toiture du bâtiment. La structure en lamellé-collé provient des ateliers de l’entreprise Briand Bois Construction, chargée du lot « clos couvert ». « L’équipement a été réalisé avec un peu moins de 400 m3 de pierre massive et environ 650 m3 de bois (épicéa et Douglas), annonce l’architecte Maxime Roethinger. Nous avons choisi le chêne pour habiller aussi bien les sols à l’intérieur que les platelages. »

 Dissimulé en grande partie derrière une résille métallique, le bâtiment se fait support du paysage.
 Côté champs, la galerie extérieure jouxte le jardin accessible aux usagers de l’équipement.

Le souci du détail

La réalisation de mobiliers, confiée à Martial Marquet Studio, a fait l’objet de recherches spécifiques menées en lien avec les architectes du projet. Dans un volume aussi important, il était également primordial de créer plusieurs ambiances avec comme matériaux de base le 3 plis d’épicéa et le médium. Ainsi, à l’intérieur de la grande halle, on trouve des modules conçus à partir de thématiques bien précises : l’imaginaire de la grotte, de la cabane, de l’arène et du château. Peintes de couleurs vives, ces structures animent l’espace, tout en apportant intimité et repli aux usagers de la ludothèque.

Le nouvel équipement correspond parfaitement aux concepts de flexibilité et de réversibilité qui s’imposent désormais à la construction neuve comme à la reconversion de bâtiments existants. La conception bioclimatique de l’édifice a permis d’éliminer l’installation de la climatisation souhaitée au départ par le maître d’ouvrage. Les façades nord et sud, largement vitrées, sont protégées du soleil par une résille en aluminium thermolaqué. Les importantes toitures inclinées ont été végétalisées afin d’offrir aux habitants des immeubles adjacents une vue agréable. Outre l’aspect visuel, cette 5e façade « verte », avec presque 30 cm de terre, participe à l’isolation de la toiture. Côté champs, la création d’un jardin a permis d’assurer l’intégration de l’édifice dans son environnement naturel.

Maîtrise d’ouvrage : Mairie d’Herblay-sur-Seine
Architecte mandataire : Atelier WOA
Architecte associé : Atelier Angel
Architecte Designer : Martial Marquet Studio
Paysagistes : Agence 22°
BET structure : Barthès Bois
BET fluides / thermique : Pouget Consultants
BET acoustique : Résonance
Économiste : Minerva
Entreprise bois : Briand Bois Construction
Entreprise pierre massive : Philippe d’Art
Entreprise gros œuvre béton : SNRB
Montant des travaux : 8 M€ HT
Durée du chantier : 21 mois
Surface de plancher : 2 227 m²

Cet article est extrait du numéro 135 du magazine WoodSurfer disponible sur Calameo.