Lycée Simone-Veil à Gignac (34)

Photo : Jean-Pierre Porcher

Architectes

  • Hellin-Sebbag Architectes Associés (75, 34)

Maîtrise d’ouvrage 

  • Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée avec l’Arac (31)

BET structure 

  • Terrell (31)

Charpentiers bois :

  • SAS Pistre et Fils (81)
  • Environnement Bois (34)
  • Structures Bois Couverture (34)
Photo : Julien Thomazo

Parti architectural

L’agence montpelliéraine Hellin Sebbag Architectes Associés a livré à Gignac, dans la vallée de l’Hérault, en juin 2021, un lycée à structure bois paré de céramique reprenant les teintes dominantes du paysage local. 

Depuis deux décennies, la région Occitanie accueille 50 000 nouveaux habitants chaque année. Cette poussée démographique a imposé le développement de l’offre scolaire, plus concrètement, la création de douze nouveaux lycées dans la partie est du territoire. C’est dans ce cadre que le lycée Simone-Veil a vu le jour à Gignac, dans l’Hérault. La commune se situe à 30 km au nord-ouest de Montpellier, dans un territoire qui connaît un fort accroissement de sa population, mais où les lycées sont déjà saturés. L’établissement de 1 100 élèves accueille une filière générale, deux bacs professionnels et un BTS. La multiplicité des enseignements implique un programme riche. Il comprend des locaux d’enseignement dont 38 salles de cours, une administration, un CDI, une salle polyvalente, une restauration pour 800 personnes, un internat de 80 places, huit logements de fonction et des locaux sportifs avec les aménagements extérieurs associés. Un gymnase viendra compléter l’équipement à terme. Ce riche ensemble prend place sur un terrain de 7 ha dont 4 sont dédiés au lycée.

 Implantation des constructions.
Doc. : Hellin Sebbag Architectes Associés

Au pied de la colline

Il se situe en contrebas de la ville, après l’autoroute qui la dessert, sur un ancien terrain vinicole. Cette « page blanche » comprend, malgré tout, des lignes directrices, à savoir, les contraintes d’implantation édictées dans le programme. Ainsi, pour minimiser l’exposition au soleil des salles d’enseignement, elles doivent être orientées nord/sud, et l’accès au lycée est demandé au nord, au droit de la future liaison piétonne. Les architectes ont également souhaité préserver les vues sur le chemin de croix de Gignac, situé à l’est de la parcelle et classé monument historique. Tout ceci a mené à cette disposition en lanières des constructions. Ainsi, deux bâtiments longitudinaux en R + 2 orientés nord/sud, à l’organisation lisible, encadrent une grande cour rectangulaire qui héberge deux bâtiments en RDC orientés est/ouest. Ces derniers accueillent les fonctions atypiques, le CDI et le restaurant. « Les toitures des bâtiments les plus bas sont des jardins soulevés en courbe douce, telles des collines, décrit Brigitte Hellin, architecte et auteur du projet, comme si le sol naturel remontait sur les toits pour les modeler en formes libres et offrir au lycée un cœur vert. » Cette implantation efficace connaît une exception pour l’internat et les logements de fonction. Indépendants du programme pédagogique, ils sont implantés face aux terrains de sport.

Escalier d’accès.
Photo : Jean-Pierre Porcher
Le centre de documentation et d’information (CDI).
Photo : Jean-Pierre Porcher
 Vue générale sur la cour.
Photo : Jean-Pierre Porcher

Intervenants :

  • Maîtrise d’ouvrage : Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée Architectes : Hellin Sebbag
  • Architectes Associés (Montpellier-Paris)
  • Mandataire : Arac Occitanie
  • BET structure : Terrell (Toulouse)
  • BET fluides : Adret (La Seyne-sur-Mer)
  • Économiste : Egis Bâtiments Sud-Ouest (Montpellier)
  • BET VRD : Underground Ingénierie (Montpellier)
  • Cuisiniste : Ingecor (Montpellier)
  • Paysagiste : Guillemet (Salon-de-Provence)
  • OPC : Arteba (Montpellier)

Programme :

  • Coût de l’opération : 45 M€ TDC
  • Coût des travaux : 31,86 M€ HT 
  • Surface de planchers : 14 514 m2 sur une assiette foncière de 5,35 ha 
  • Effectif scolaire : 1 100 lycéens 

Calendrier :

  • Concours : juillet 2017
  • Appel d’offres entreprises : septembre 2018
  • Livraison : juin 2021
  • Durée initiale du chantier : 17 mois
  • Durée du chantier en raison de la pandémie de Covid-19 : 21 mois
Terrasse extérieure.
Photo : Jean-Pierre Porcher

De bois et de béton

Structurellement, les constructions disposent d’un socle béton et font la part belle au bois en super­structure (CLT de KLH, MOB, BL-C). Cela pour répondre aux deux contraintes fortes édictées par la Région au concours. Celle-ci a en effet de grandes ambitions environnementales. Parmi elles, au programme, un niveau 4 donc Bepos et un niveau 2 pour le label Bâtiment Biosourcé (< 24 kg/m2 de plancher) ont été demandés. Les délais étaient très contraints : l’équipe de maîtrise d’œuvre a été retenue en août 2017 pour une livraison du lycée en septembre 2020, soit 3 ans pour tout réaliser, dont seulement 16 mois de travaux. Le recours à la filière sèche permet de tenir des délais raccourcis. En façade, un revêtement en terre cuite vernissée a été préféré pour sa pérennité et son inertie. Il présente un découpage en pixels rectangulaires dans deux camaïeus de bleu et de vert des vignes. Au-delà de la structure, le bois est très présent à l’intérieur des constructions. Les parois des circulations sont habillées de panneaux de bouleau ; le CDI et le restaurant sont parés de plafonds acoustiques aux lames ondulantes. Afin d’atteindre les objectifs de la maîtrise d’ouvrage, les deux bâtiments principaux reçoivent en toiture des panneaux photovoltaïques. La verrière de l’entrée du lycée est également équipée et rappelle de la sorte aux usagers et visiteurs que cet établissement est à énergie positive en partie grâce aux énergies renouvelables.

Photo : Hellin Sebbag Architectes Associés

Étude et conception

Le BET bois Terrell a accompagné l’agence Hellin Sebbag Architectes Associés. Les études d’exécution ont été réalisées par Altéabois

Les bâtiments ont été conçus comme des structures mixtes. Fondations et RDC font la part belle au béton armé, tandis que les deux niveaux supérieurs sont en charpente bois. Située en zone de sismicité faible, la construction est donc parasismique. La réalisation de socles en béton impose des joints de dilatation tous les 25 m. Ils sont donc découpés en blocs indépendants structurellement juxtaposés et disposant, à chacune de leurs jonctions, d’un joint sismique de 40 mm d’épaisseur. Le RDC en béton armé du bâtiment d’enseignement est complété dans les étages par des façades en MOB et des planchers en CLT de 220 mm (7 plis). Au centre de la construction, la reprise des charges est assurée par une structure à poteaux-poutres en BL-C. Ainsi, les panneaux CLT de 16 m de longueur portent de façade à façade, permettant un montage rapide de la structure. En ce qui concerne le bâtiment de l’internat, le programme composé de petites pièces modifie le schéma structurel en inversant le sens de portée. Les panneaux de CLT portent entre murs de refends en MOB. La portée plus faible rend possible l’optimisation des sections des planchers, lesquelles passent à 140 mm d’épaisseur. Les façades ainsi déchargées ont pu être placées en surplomb sur le RDC pour créer des coursives abritées. Le CDI et le bâtiment de la restauration sont bâtis sur un niveau simple, seules leurs charpentes sont en bois. Les fermes en BL-C dégagent de larges espaces libres au sol et soutiennent des toitures végétalisées courbes. Celles-ci sont constituées de deux couches de panneaux LVL. La trame structurelle générale retenue est de 4,80 m. Elle est un multiple de 1,20 m, trame des façades, et de 2,40 m, largeur des panneaux de CLT des planchers. Le contreventement des bâtiments est assuré par des noyaux béton qui accueillent les circulations verticales, ascenseurs et escaliers, et par des murs de refends en CLT dans le sens longitudinal et le sens transversal.

Jonction façade/plancher.
Doc. : Hellin Sebbag Architectes Associés
Poteaux en béton fibré à ultrahautes performances (BFUP).
Photo : Jean-Pierre Porcher
Photo : Julien Thomazo
Photo : Julien Thomazo

Réalisation

La mise en œuvre de la structure bois a été assurée par un groupement d’entreprises qui comprend Pistre & Fils, Environnement Bois et Structures Bois Couverture.

La maîtrise d’œuvre a souhaité que le lot bois fasse partie d’un macrolot qui comprend l’étanchéité à l’air et à l’eau. Ainsi, l’entreprise Pistre & Fils, mandataire du groupement, a eu la charge des MOB, tandis que Structures Bois Couverture et Environnement Bois ont mis en place les éléments de charpente bois et métalliques. Soprema a assuré l’étanchéité en toiture. Labastere et Somalu ont posé les menuiseries aluminium. Au vu des délais de chantier et de la taille du bâtiment, le groupement s’est organisé pour avancer rapidement et éviter, en premier lieu, tout temps mort. Dans cette perspective, l’ensemble des éléments de charpente a été préfabriqué dans les ateliers des entreprises du groupement. De même pour l’intégration de l’isolation en laine de roche et du pare-pluie aux MOB. Le suivi du chantier par un géomètre expert a permis de garantir la précision du support béton et, ainsi, de lancer les fabrications avant même que le rez-de-chaussée sorte de terre. Le béton à peine sec, les entreprises chargées du macrolot ont pu entrer en action. Enfin, l’utilisation d’une grue à tour sur site a permis de soutenir les cadences de pose : près de 600 m2 de planchers CLT par jour par quatre personnes. Il a fallu seulement sept semaines pour réaliser les deux niveaux du bâtiment d’accueil, dit bâtiment A, étanchéité incluse.

Structure apparente.
Photo : Benoît Wehrlé
 Charpente sur support béton.
Photo : Hellin-Sebbag Architectes Associés
 Charpente du CDI.
Photo : Benoît Wehrlé
Étanchéité en cours de pose.
Photo : Benoît Wehrlé

Le cahier a été réalisé par Bastien Lechevalier, architecte DPLG.

Cubages :

  • MOB : 330 m3 de Douglas de Haute-Loire
  • CLT : 1 300 m3 d’épicéa en plancher et en voile travaillant (fournisseur : Lignatec-KLH)
  • BL-C : 335 m3 pour les poutres des charpentes bois
  • LVL : 133 m3 d’épicéa

Logistique et délais :

  • Matériel de levage utilisé sur le chantier : grue à tour, chariot télescopique, nacelle
  • Montant du lot bois : 4 M€
  • Livraison : juin 2021

Cet article est extrait de Woodsurfer n°126 > Consulter la version numérique <