Cloisonner sans perdre l’esprit loft

Au sein d’un ancien dépôt de bois près du faubourg Saint-Antoine à Paris, ce loft de 70 m2 s’offre une suite parentale, sans perdre son charme et son volume.

 Réalisée en bois exotique, la nouvelle chambre prend des allures de cabine de bateau. Pour améliorer la qualité de vie dans le logement, les 3 m2 de dressing étaient indispensables.
Photos et Doc. : Vittoria Rizzoli

Faisant fi de l’adage selon lequel « les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés », l’architecte Vittoria Rizzoli a profité de son savoir-faire dans l’agencement des petits espaces pour repenser son appartement du 12e arrondissement de Paris. Pierre naturelle et poutres en bois apparentes, grandes fenêtres d’atelier, grands espaces, ce loft lumineux proche de la gare de Lyon ne manquait pas d’atouts.

L’envie d’un espace à soi se faisait cependant sentir, après plusieurs années à dormir sur le canapé. « Je rêvais d’un dressing et de rangements adaptés comme je les conçois pour mes clients. J’avais surtout besoin d’une seconde chambre à coucher, sans perdre cette sensation d’espace. » La cuisine autrefois fermée ainsi que le placard de l’entrée ont été démolis pour laisser place à une suite parentale sur mesure. Derrière cette chambre supplémentaire se dresse la nouvelle cuisine ouverte sur le séjour.

 De grandes portes vitrées coulissantes laissent filtrer la lumière naturelle du salon dans la chambre.

Luxueuse cabine de bois exotique

Petite, sans fenêtre, la suite parentale compense ses défauts par un aménagement particulièrement soigné et l’omniprésence du bois exotique. Sa double baie vitrée coulissante en vitres sablées qui la sépare de l’entrée laisse transparaître la lumière du jour qui baigne le salon. En face, le dressing de 3 m2 fait intégralement partie du décor. « J’avais peur que les vitres sablées originellement prévues pour l’isoler de la chambre créent un espace trop oppressant. J’ai préféré miser sur la transparence des portes et la continuité des matériaux. Utilisant le même bois exotique marron rouge que l’ensemble des aménagements de la pièce, le dressing prolonge ainsi le coin nuit et agrandit l’espace. » Placards suspendus, dressing, lit coffre, la chambre tient ses promesses en termes de rangements. L’ensemble est conçu sur mesure avec du contreplaqué d’aniégré protégé par une laque transparente.

Cette essence, au rendu proche de l’acajou et relativement bon marché, confère à l’ensemble l’atmosphère particulière d’une cabine de yacht. « Je ne voulais pas d’une chambre trop féminine. Ce bois roux, mais pas trop, a une jolie couleur très douce qui réchauffe l’atmosphère et crée une ambiance intime, idéale pour cette chambre qui n’est utilisée que le soir. »

Classique intemporel

Poutres en chêne et pierres murales apparentes, parquet en sapin blanchi et poêle à bois…, les matériaux nobles et traditionnels d’origine ont été conservés et restaurés afin de mettre en avant et préserver le charme naturel du lieu. Ne faisant qu’une quarantaine de mètres carrés, la pièce de vie combine différentes fonctions : salon, bibliothèque, salle à manger, bar, cuisine, bureau. L’ensemble est unifié via les couleurs et les matériaux. La laque bleu poussiéreux de la cuisine et les tablettes de chêne qui l’entourent de part et d’autre sont ainsi repris par le mur bibliothèque qui lui fait face. Encadrant la porte donnant sur la seconde chambre et la salle de bains, la bibliothèque est composée de trois caissons sur lesquels reposent les tablettes en chêne massif.

Elle comprend également un bureau sur mesure dont le plateau en chêne de 4 cm biseauté fait disparaître les chants.  Au cœur de cet espace de vie, la nouvelle cuisine avec îlot central se fait discrète grâce à un électroménager entièrement dissimulé dans le mobilier. La crédence et le plan de travail sont en Calacatta Oro, un marbre de Carrare ivoire/crème, très raffiné, qui propose un élégant dessin géométrique dans les tons dorés. « Je ne souhaitais pas un marbre trop veiné pour que le mobilier reste le protagoniste de cette cuisine. Je me suis donc rendue sur place pour choisir le motif. »

La simplicité et le classicisme des lignes du mobilier en latté plaqué et en médium sont soulignés par de fines moulures droites contemporaines dessinées par l’architecte. « Je me sers des bases classiques, que j’ai eu la chance d’apprendre, dès que l’opportunité se présente. J’aime utiliser et montrer le savoir-faire des artisans. »

 Cœur de l’appartement, la cuisine propose un maximum de rangements et d’astuces.
 Le plan de travail de l’îlot central dissimule une tablette coulissante qui sert de bar ou de coin repas au gré des besoins.

La part belle au sur-mesure et aux astuces

Travaillant sur Paris, l’architecte apprécie le challenge que représentent les contraintes des petits espaces. « Plus jeune, j’ai appris à réaliser des plans de construction de mobiliers à la main. Aujourd’hui encore, tout est fait suivant mes cotes, et je dessine tous les meubles sur mesure. Le menuisier italien avec lequel je travaille ne voit jamais le chantier avant la pose. »

Dans les petits espaces, il faut savoir optimiser et profiter du moindre recoin pour garantir le confort des occupants. Une philosophie mise en œuvre dans la cuisine qui regorge d’astuces et de grands tiroirs coulissants pour tout ranger. Invisible, l’électroménager se dissimule derrière des portes coulissantes ou basculantes. « J’ai vraiment créé cette cuisine à mes dimensions, pour répondre à mes habitudes. »

De nombreuses tirettes en marbre élargissent ainsi le plan de travail pour servir de planche à découper, poser des casseroles… Modulable, l’îlot central dissimule une autre tirette de 30 cm sur toute sa longueur pour devenir bar ou table d’appoint.  

Aurélie Cheyssial

Prix du projet complet pour la menuiserie : 53 000 € HT fourni posé
Menuisier : Archiwork (75)

Cet article est extrait du numéro 133 du magazine Wood Surfer disponible sur Calameo.