Lamellé-collé local : le savoir-faire occitan

Fondée en 1956, l’entreprise Batut Charpente est installée à Agen-d’Aveyron à proximité de Rodez. Spécialisée dans la fabrication de bois lamellé-collé depuis les années 1970, elle se positionne aujourd’hui comme partenaire privilégié pour tous types de projets de construction et bâtiment charpente bois avec l’ambition de promouvoir les essences locales.

 Guilhem Batut : « Notre objectif est de rapprocher le domaine de l’exploitation – la forêt – du client final. »

Dirigée depuis 2014 par Guilhem Batut, petit-fils du fondateur André Batut, l’entreprise aveyronnaise a adhéré au label « Bois de France » fin 2022 : « Depuis deux ou trois ans, nous avions cette volonté de valoriser les essences locales comme le Douglas, le pin maritime et le pin laricio, explique notre interlocuteur. L’arrivée du label nous a motivés à concrétiser cette démarche, jusqu’alors officieuse. La part du bois français dans notre activité de lamelliste s’élève aujourd’hui à 40 % alors qu’il y a encore cinq ans elle n’était que de 5 %. Notre ambition est d’arriver à 50 % d’ici deux ans. En bois massif, nous sommes à 80-90 % de bois en provenance de l’Hexagone. »

 En cinq ans, la part du bois français dans la production de lamellé-collé est passée de 5 à 40 %. L’entreprise ambitionne d’atteindre 50 % d’ici deux ans.
Photo : Franck Tourneret

Le goût du partenariat

La société travaille avec 7 scieries partenaires. Historiquement, depuis le lancement de la production de bois lamellé-collé, c’est la fabrication et la pose de bâtiments agricoles qui constituaient le gros des activités de l’entreprise sur l’Aveyron et les départements limitrophes. « Nous sommes un peu les “CMI-stes” de ce type de réalisations, en assurant le pilotage des projets de A à Z, constate Guilhem Batut. Avec le temps, les projets ont évolué, se sont agrandis et la part du bois local a augmenté. »

Au sein de l’entreprise, une équipe de 20 salariés est dédiée à la production. La pose est assurée par les collaborateurs faisant partie de la société SP Charpentes, filiale de Batut Charpente. Avec un bureau d’études intégré, outre la production pour ses propres chantiers, Batut Charpente réalise aussi des commandes pour le compte des professionnels du bâtiment.

« Nous leur fournissons le bois lamellé-collé, des kits charpente pour différents types de projets : bâtiments industriels, collectifs, maisons individuelles… L’atelier propose aussi les prestations de taille sur les bois massifs aux entreprises de construction installées dans les environs. C’est important de créer ce type de relations pour booster le développement des constructions en bois local. »

 Avec 3 000 m2 de surface chacun, les ateliers de fabrication de lamellé-collé et de taille transforment 4 500 m3 de bois par an.
Photo : Franck Tourneret
 Les investissements dans le parc machines réalisés depuis 2009 ont permis à Batut Charpente de proposer à ses clients une large offre de services : fabrication de la charpente bois, réalisation de poutres en bois sur mesure à l’unité ou en grande série, droites ou courbes et de longueur variable, façonnage de panneaux CLT…
Photo : Batut Charpente

Indispensable transition numérique

L’entreprise dispose d’un puissant outil de production. Construite en six mois en 2009, à la suite d’un incendie, la nouvelle usine est constituée d’un atelier de fabrication de bois lamellé-collé (3 000 m2), d’un atelier de taille de surface équivalente, de zones de stockage, d’un local de quincaillerie et d’un bureau.

Au total : 10 000 m2. À l’intérieur des ateliers, l’équipement est impressionnant : cinq ponts roulants, une scie CN Stromab, une machine de taille CN 6 axes (Oikos de SCM, investissement 2020), un portique de taille CN 5 axes (Area de SCM, investissement 2021), plusieurs scies, une chaîne d’aboutage, des raboteuses… « Je suis un grand passionné de machines, confie Guilhem Batut.

Nous avions besoin de passer par la transition numérique pour assurer les cadences, les délais de production de plus en plus serrés, imposés par le marché, et la précision d’usinage. » Grâce à cette série d’investissements, ces deux dernières années Batut Charpente a augmenté de 20 % sa production de lamellé-collé façonné.

Le bâtiment de la fromagerie de Hyelzas (48) a été réalisé en totalité en pin laricio, labellisé « Bois de France », en provenance de la Lozère. Architecte : Adrien Pralong.
Photo : Batut Charpente
 Partenaire des entreprises Antras Ossature Bois et France Charpentes, Batut Charpente a fabriqué la structure bois (épicéa et Douglas) pour le groupe scolaire à Roques (31). Cette réalisation sera labellisée « Bois de France ». Architectes : IDP Architectes, Lion’L.
Photo : Batut Charpente

Se repositionner sur les bois locaux

Comme pour beaucoup d’autres acteurs de la filière, la période post-Covid s’est avérée compliquée pour l’entreprise au niveau des approvisionnements. « Avant la crise sanitaire, nous avions des partenaires locaux et européens, rappelle Guilhem Batut. Les scieurs français étaient les seuls à jouer le jeu et c’est aussi ce facteur qui a motivé notre décision de se repositionner sur les bois locaux. Si les scieries sont labellisées “Bois de France”, la situation est plus compliquée concernant les entreprises de construction qui adhèrent plutôt aux labels locaux comme “Bois des territoires du Massif central” ou “Bois des Alpes”. Le travail continue. »

Anna Ader

Batut Charpente en chiffres :

  • 2 500 bâtiments réalisés
  • 200 clients
  • 4 500 m3 de bois transformé par an
  • 30 salariés
  • CA 2022 : 6 millions d’euros

Cet article est extrait du numéro 133 du magazine Wood Surfer disponible sur Calameo.