Paris : un R+9 bois façon nippone

Un procédé poteaux-poutres bois innovant, une facilité de pose exceptionnelle, un site restreint et difficile d’accès… Le chantier du premier projet démonstrateur du système HighKi Wood se déroule actuellement dans le 12e arrondissement de Paris. Visite.

Située au 73 boulevard Poniatowski et construite pour le compte du bailleur Toit & Joie (Poste Habitat), la réalisation propose 35 logements collectifs (R + 9) et un logement individuel sous forme d’une maison de ville (R + 3). Le tout tient sur une parcelle de 200 m2. Un vrai défi technique et logistique pour l’entreprise générale SNERCT Construction dirigée par Alexis Joly qui ne semble pas pour autant impressionné par les contraintes du site : « Notre spécialité, c’est la gestion de la complexité et il nous arrive régulièrement de nous attaquer à des chantiers où il y a un vrai problème de faisabilité et en particulier d’accessibilité. »

 Le montage de la structure bois s’est déroulé entre mai et août 2023.
Photos : SNERCT
 Le montage de la structure bois s’est déroulé entre mai et août 2023.
Photos : SNERCT
 Le montage de la structure bois s’est déroulé entre mai et août 2023.
Photos : SNERCT

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Auparavant, sur quatre autres chantiers, l’entreprise a fait appel au système constructif SuteKi Wood, d’origine japonaise, proposé par la société Ki Wood. Breveté, le procédé est basé sur l’assemblage des poteaux-poutres en bois lamellé-collé à l’aide de connecteurs en acier au carbone ne nécessitant pas l’utilisation d’écrous, de boulons ou de vis.

Certifié par le CSTB (ETA-14/0216), le système permet de réaliser des projets allant jusqu’à 4 ou 5 niveaux. L’entreprise a donc demandé à son partenaire bois Ki Wood, distributeur exclusif de cette solution en Europe, d’élaborer un système constructif permettant de monter plus haut.

En quelques mois, c’était chose faite. HighKi Wood (ETE-22/0770 du CSTB) offre la possibilité d’aller jusqu’à R + 10 grâce à l’utilisation de nouveaux connecteurs ultrarésistants. La structure en épicéa a été renforcée par un endosquelette en métal pour transmettre les charges. « La contrainte qui va arriver par la poutre se transmet à l’intégralité du poteau contrairement à ce qui se passe quand on utilise le sabot qui prend la charge localement, explique Alexis Joly. Le système nécessite aussi l’installation d’un contreventement vertical et horizontal que nous réalisons avec les panneaux OSB doublés de panneaux Fermacell. »

En lamellé-collé d’épicéa, les éléments de la structure ont été renforcés par un endosquelette métallique.
Photo : Alexandre Lunard
En lamellé-collé d’épicéa, les éléments de la structure ont été renforcés par un endosquelette métallique.
Photo : SNERCT

Accompagnement technique rapproché

C’est le bureau d’études de la société Ki Wood qui s’est mis à disposition de l’entreprise pour préparer la commande des éléments bois et la passer auprès de Binder Holz, fournisseur sur cette opération. Une fois les poteaux et les poutres fabriqués, ils sont envoyés chez le façonneur qui a réalisé les usinages nécessaires pour l’installation des connecteurs.

Les livraisons sur le chantier se faisaient au fur et à mesure que le bâtiment montait, avec à chaque fois des éléments correspondant à deux ou trois étages. Ainsi, la structure bois du R+9 a été acheminée en quatre livraisons. « Nous travaillons avec un réseau de scieries partenaires en Autriche, en Italie et également en France », explique Alexandre Lunard, dirigeant de Ki Wood.

 

Modularité et simplicité

Pour le concours, le projet a été conçu avec un système traditionnel ossature bois. Séduit par le procédé japonais proposé par l’entreprise, l’architecte Philippe Roux n’a pas hésité à se lancer dans l’aventure pendant que la solution HighKi Wood était encore en pleine procédure d’évaluation au CSTB.

« Passer de l’ossature bois classique au système japonais n’a demandé que quelques petites adaptations, confie l’architecte. Ce projet est tellement contraint – nous avons quatre logements par niveau – qu’il était intéressant d’employer un procédé facilitant le montage et s’adaptant à des configurations complexes sans faire appel à la maçonnerie. »

L’assemblage de la structure bois a été réalisé par une équipe de trois personnes. La mise en place du contreventement a été confiée à deux autres compagnons. Débuté le 16 mai, le montage a été terminé le 25 août 2023. Le chantier sera livré en mars 2024.

 Les neuf étages en bois sont contreventés par la cage d’escalier, réalisée en prémurs béton.
Photo : Alexandre Lunard

Hêtre dans les starting-blocks

La société Ki Wood travaille actuellement sur le développement du système HighKi Wood avec des essences feuillues, comme le hêtre, offrant une meilleure résistance à la compression. « Nous sommes en train de réaliser des essais avec du hêtre, en provenance de chez Manubois pour la filière française, dont l’analyse technique par le CSTB devrait déboucher sur un agrément technique d’ici quelques mois, annonce Alexandre Lunard. D’autres tests, avec du bois massif mais également sismiques, sont en préparation pour les prochains mois. »   

Anna Ader

Maîtrise d’ouvrage : Toit & Joie Poste Habitat (75)
Maîtrise d’œuvre : Philippe Roux Architectes Associés (75)
Bureau d’études : Studetech / Studeterre (92)
Bureau d’études bois : Insitu-a (92)
Entreprise générale : SNERCT (94)

Cet article est extrait du numéro 133 du magazine Wood Surfer disponible sur Calameo.