La dune du Pilat : le bois a le sens de l’accueil

Plus de trente ans après sa création, l’espace d’accueil de la dune du Pilat, l’un des monuments naturels les plus emblématiques de France, a fait peau neuve au bout de vingt mois de travaux.

Au cœur de la forêt des Landes, le village d’accueil de la dune du Pilat s’intègre avec harmonie dans le paysage.
Photos : Agnès Clotis

Pour qui connaissait le village d’accueil de la dune du Pilat, le site est à ce point méconnaissable qu’on le croirait entièrement sorti de terre à la suite du grand incendie qui a ravagé la forêt de La Teste-de-Buch en 2021. Pourtant, le village a miraculeusement survécu et n’a fait que retarder le projet de réhabilitation, né en 2017. Contrairement au ressenti du visiteur d’aujourd’hui, il n’y a pas eu de grandes métamorphoses ni d’extensions des aménagements.

Au contraire ! Pour le groupement retenu pour cette réhabilitation, il s’agissait plutôt de révéler l’architecture soignée du village de cabanes de bois avec toit de bardeaux, bardage en tasseaux, créées dans les années 1970. L’objectif était aussi de tout remettre aux normes et de rendre le site accessible à tous grâce à la création d’une grande terrasse bois.

Réemploi et préservation de l’existant

 

Invisibilisées sous les étals de souvenirs, les cabanes du village d’accueil de la dune du Pilat offraient une architecture singulière qui méritait d’être valorisée. « Nous avons d’abord fait un diagnostic précis de l’existant qui a révélé que l’architecte initial avait pensé son projet sur la base d’une trame carrée. Nous avons suivi ce modèle pour mener une réhabilitation en cohérence », détaille Audrey Aldebert, de l’agence Aldebert Verdier Architectes (33), chargée de l’architecture des cabanes. Les travaux de requalification ont débuté par l’installation du chantier et la démolition du gros œuvre : curetage intérieur des bâtiments, dépose du platelage existant…

L’objectif était ensuite de rendre le village traversant, de créer des placettes, de multiplier les parcours. Cette stratégie visait l’amélioration des conditions d’accueil en offrant plus de lumière naturelle, une meilleure ventilation ainsi qu’une augmentation des usages et des espaces. Quelques cabanes ont été supprimées, d’autres ont été reconstruites. « Dans une logique de réemploi, nous avons déposé et stocké tout ce qui pouvait l’être : charpente, lattis en oblique dont le dessin en façade décline aussi la trame carrée, les bardeaux… », confie l’architecte.

Pour parachever la réalisation, les auteurs du projet ont déniché un stock de bardeaux en châtaignier de Gironde dont les teintes s’approchaient des bardeaux en pin initiaux. Le projet est aussi marqué par l’utilisation de matériaux locaux et/ou biosourcés : terrasses en pin des Landes (60 %) ou bois d’origine française (10 %), paroi en briques de terre crue compressées (procédé expérimental pour mettre en œuvre un béton avec des coquilles d’huîtres du bassin d’Arcachon).

 Pergolas reprenant le motif du bardage à claire-voie avec autant de vide que de clins, sols en continuité, commerce traversant…, le projet efface les frontières entre l’intérieur et l’extérieur.
Photo : Agnès Clotis

Sur un site où des ruptures de niveau pouvaient atteindre 2 m, l’une des principales contraintes était de rendre toutes les cabanes accessibles aux personnes à mobilité réduite. Un important travail de terrassement et de nivellement a été entrepris pour que les pentes ne dépassent jamais 5 %.

Ce rattrapage de niveau s’est fait grâce à la création d’une grande terrasse bois de 1 000 m², dont les fondations, constituées de 250 pieux battus métalliques, peuvent atteindre 8 m de profondeur. La structure a quant à elle été créée avec un lamellé-collé en pin des Landes classe 4 d’une portée de 4 m pour limiter le nombre de pieux. Les lames en pin sylvestre qui composent la terrasse sont incrustées en leur centre par de petites bandes de résine.

Dédié en premier lieu à la sécurité, ce dispositif antidérapant très discret donne aussi le rythme et participe à l’esthétique de l’ensemble. Les bords sont constitués de chaînettes pavées qui créent le contraste visuel et offrent un dispositif démarquant pour une canne.

Platelage d’essences locales

Continue, cette terrasse est néanmoins scindée en deux, avec des emmarchements au niveau des commerces. L’une des parties, en lames parallèles, marque le niveau des sanitaires et du point d’information au début du parcours. La seconde constitue la promenade qui passe derrière les cabanes et rejoint ensuite la restauration. Posée en chevron, elle indique le chemin PMR et marque graphiquement l’ensemble. Peu commune dans l’espace public, cette coupe en biais à 45°, qui reprend la pente et le dessin du bardage des cabanes, est la particularité de cette terrasse. « Cette pose a également représenté une réelle prouesse technique et nécessité des artisans aguerris et locaux. Il est très compliqué de faire du 45° sur une si grande surface, d’autant que l’on avait deux rangées.

Il a fallu un long travail de calepinage et des recherches techniques pour que tout soit parfaitement aligné », analyse Cassiopée Loget, l’architecte qui a suivi le projet pour l’agence de paysage Base (69), responsable de l’aménagement extérieur. En épaisseur standard de 145 mm, les lames répondaient aux contraintes économiques du projet et offraient un rythme en accord avec les parois berlinoises qui entourent le village et retiennent le sable de la dune. Le site est également marqué par la création d’un mobilier spécifique tout au long du parcours : arceaux vélos, assises circulaires autour des arbres existants, bancs et lieux de détente conçus avec les mêmes lames de platelages que la terrasse. Ces travaux de réhabilitation visent également l’obtention de la labellisation « Grand Site de France » qui valorise la préservation de sites fragiles très attractifs. Près de deux millions de personnes découvrent chaque année la dune du Pilat.   

Aurélie Cheyssial

Intervenants :

Maîtrise d’ouvrage : Syndicat mixte de la dune du Pilat
Maîtrise d’œuvre : Aldebert Verdier Architectes AVA (mandataire), Base (paysagiste), IG Concept (BET TCE)

Cet article est extrait du numéro 135 du magazine WoodSurfer disponible sur Calameo.