Réhabiliter et rénover avec le bois

L’utilisation du bois sur les chantiers de réhabilitation et de rénovation de bâtiments permet d’atteindre plusieurs objectifs : diminuer les consommations énergétiques, modifier l’aspect esthétique, agrandir et réaménager les espaces… Les solutions techniques présentes sur le marché correspondent aux différents besoins et apportent dans tous les cas l’avantage de travailler avec un matériau renouvelable, avec excellent bilan carbone.

 La Maison du Parc naturel régional des Alpilles à Saint-Rémy-de-Provence (13). Ossature en lamellé-collé et bois massif pour cette extension d’une bâtisse du 18e siècle réhabilitée. Projet : Bresson Schindlbeck Architecture (13). Lauréat du Prix national de la construction bois (PNCB) 2019 dans la catégorie Réhabiliter un équipement.
Photo : David Giancatarina

 

Quelle est la différence entre une réhabilitation et une rénovation ?

Souvent confondues, ces deux opérations qui visent à mettre un bâtiment à neuf se déroulent selon des règles bien distinctes. La rénovation n’exclut pas la démolition de certains éléments, alors que la réhabilitation consiste à rénover un immeuble ou un logement sans pour autant modifier sa structure ou son style architectural d’origine. Si la première est réalisée afin d’optimiser le logement en termes de design, de confort et de modernité, la seconde se fait souvent dans le cadre d’une réaffectation du bâtiment à une autre utilisation. On a vu ainsi des bâtiments industriels devenir restaurants ou logements, des granges transformées en centres culturels, de vieilles maisons accueillir des médiathèques…

Une voûte cintrée en bois installée sur le toit d’un immeuble permet de réaliser une surélévation d’un appartement parisien. Projet : Post-Office Architectes (75). Lauréat du PNCB 2019 dans la catégorie Réhabiliter un logement.
Photos : Post-Office Architectes
Une voûte cintrée en bois installée sur le toit d’un immeuble permet de réaliser une surélévation d’un appartement parisien. Projet : Post-Office Architectes (75). Lauréat du PNCB 2019 dans la catégorie Réhabiliter un logement.
Photos : Post-Office Architectes

Gagner des mètres carrés Recourir à la structure bois pour réaliser des extensions ou des surélévations ?

Le procédé est employé dans différents contextes, aussi bien dans le cas d’une maison individuelle que de logements collectifs, en centre-ville, sur des parcelles difficiles d’accès. La possibilité de préfabrication, la légèreté du matériau et ses propriétés mécaniques en font une solution polyvalente. Ossature bois et panneaux CLT sont les techniques les plus populaires, offrant chacune l’avantage d’un chantier rapide et sans nuisances. Dans les projets de réhabilitation de logements sociaux datant des années 1960-1970, les surélévations à base de bois sont de plus en plus plébiscitées par les maîtres d’ouvrage qui y trouvent la possibilité d’agrandir leur patrimoine sans investir dans le foncier. Si, entre 2018 et 2020, les extensions surélévations  tous systèmes constructifs confondus ont baissé de 14 %, la baisse pour les extensions bois s’est limitée à 5 %. Ainsi, dans cette période de crise, la part de marché des extensions bois s’élevait à 30,5 %, soit 3 % de plus par rapport à 2018 (source : Enquête nationale de la construction bois, activité 2020).

Isoler

Dans le cadre d’une réhabilitation énergétique de bâtiments, la mise en place de l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) est considérée comme une solution plus performante que l’isolation par l’intérieur (ITI). Le procédé permet notamment de supprimer les ponts thermiques et d’améliorer l’étanchéité. La pose d’une ossature bois non porteuse sur la façade existante offre la possibilité d’une part d’accueillir l’isolation (entre montants et en ITE) et d’autre part de créer un support pour le revêtement extérieur choisi. Bien que les isolants biosourcés soient minoritaires sur le marché (7 % en 2021, selon l’étude de TBC Innovations), ils se développent et cette tendance pourrait persister avec l’arrivée de la RE 2020. Parmi eux, les isolants à base de bois occupent une place prépondérante, se présentant sous forme de panneaux rigides en fibres de bois, de panneaux semi-rigides ou souples en laine de bois, ou encore de fibres de bois en vrac pour l’isolation des combles perdus. Ces solutions parfaitement adaptées aux chantiers de réhabilitation et de rénovation sont pour la plupart certifiées Acermi (Association pour la certification des matériaux isolants). En 2020, 45 % des entreprises présentes sur le marché de la construction bois déclaraient avoir réalisé des travaux d’isolation thermique par l’extérieur en rénovation. Évalué à 288 M€ HT pour l’année 2020, ce marché était en progression de 12 % par rapport à 2018 (en euros courants). « Rapportée au chiffre d’affaires réalisé par les entreprises de la construction bois en entretien-rénovation (un peu plus de 1 Md€ HT), cette activité ITE en rénovation représente 28 % de l’activité entretien-rénovation », précise l’Enquête nationale de la construction bois publiée en juin 2021.

Créer une nouvelle esthétique

Le choix d’un revêtement extérieur en bois (lames ou panneaux) dans le cadre d’une rénovation ou d’une réhabilitation apporte, outre l’aspect pratique de l’opération (isolation), une plus-value esthétique à la réalisation. À rainure et languette, à claire-voie ou faux claire-voie, avec des lames posées à la verticale, à l’horizontale ou même obliques, les bardages bois, utilisés seuls ou avec un autre revêtement extérieur, permettent de changer complètement l’aspect du bâtiment. Maison individuelle, logements collectifs, bâtiments tertiaires…, l’habillage bois peut être associé avec succès aux différents styles d’ouvrages en leur conférant une identité forte. La possibilité de préfabriquer ces éléments en atelier est un autre atout pris en compte par les maîtres d’œuvre.

 Les isolants à base de fibres de bois s’adaptent aux chantiers de réhabilitation énergétique aussi bien en ITE qu’en ITI.
Photo : Isonat

Habiller et diviser

À l’intérieur également, le bois peut s’avérer une solution intéressante pour une rénovation, soit en revêtement de sol ou de mur, soit comme élément permettant de réagencer les espaces. La rapidité et la facilité de pose sont un argument qui joue particulièrement en faveur des revêtements stratifiés. Certains projets de rénovation ont pour objectif de donner au bâtiment existant une nouvelle fonction. Diviser l’espace à l’aide d’une structure légère à base de bois ou de cloisons amovibles permet de répondre de façon pertinente à ce besoin, tout en assurant un confort acoustique.

  Légères, les structures en bois permettent d’agencer facilement l’espace à l’intérieur de bâtiments. Ici, Bazaar St So à Lille (59), détail de réaménagement d’une ancienne halle de gare devenue un tiers-lieu dédié à l’économie créative. Projet : Béal et Blanckaert Architectes (59). Lauréat PNCB 2021 dans la catégorie Aménagement intérieur.
Photo : Béal et Blanckaert Architectes

Décarboner la réhabilitation

Si, actuellement, la RE 2020 ne concerne que les constructions neuves et les extensions de plus de 150 m2, il serait peut-être intéressant d’étendre le champ de son application aux projets de réhabilitation de l’existant. Selon certains experts, pour atteindre la neutralité carbone en 2050, il faudra mieux utiliser les bâtiments anciens et limiter les constructions neuves. Autant faire les choses dans les règles de l’art à tous les niveaux et tout de suite. Une telle démarche ouvrirait automatiquement de nouvelles perspectives au bois.

Anna Ader

  Légères, les structures en bois permettent d’agencer facilement l’espace à l’intérieur de bâtiments. Ici, Bazaar St So à Lille (59), détail de réaménagement d’une ancienne halle de gare devenue un tiers-lieu dédié à l’économie créative. Projet : Béal et Blanckaert Architectes (59). Lauréat PNCB 2021 dans la catégorie Aménagement intérieur.
Photo : Béal et Blanckaert Architectes

Située à Blangy-le-Château (14), cette maison de 148 m2 en ossature bois avec une charpente traditionnelle a été conçue de façon bioclimatique : très ouverte vers le sud et ouverte au nord à l’exception d’ouvertures d’aération. Le projet consistait en rénovation totale et extension d’une vieille grange. Son volume simple a été préservé et l’architecte a décidé de faire appel principalement aux matériaux biosourcés : bois et isolation en laine de bois. Les éléments de la vieille grange – fermes en chêne, certaines poutres et de grosses pierres – ont été réutilisés dans la nouvelle maison. La toiture a été isolée avec de la laine de bois et de la laine en verre (380 mm au total), les murs avec de la laine de bois (145 mm + 80 mm). Grâce à cette isolation performante, le soleil suffit en grande partie pour chauffer la maison. Une pompe à chaleur air-eau et un poêle à bûches servent de complément lors des journées grises. Projet lauréat de l’édition 2020 du PNCB dans la catégorie Réhabiliter un logement.

Le rez-de-chaussée, surplombé par un plancher intermédiaire isolé avec du liège, communique avec l’étage par un escalier en bois.
 À l’étage, sous une charpente traditionnelle, l’espace est baigné de lumière grâce aux grandes ouvertures.
Photos : Per Rasmusson
  • Maîtrise d’ouvrage : Per Rasmusson
  • Maîtrise d’œuvre : Per Rasmusson (architecte mandataire), Camille Brejon (BE thermique)
  • Entreprise : Pascobois
  • Coût total (hors foncier, hors VRD) : 300 000 euros
  • Bois mis en œuvre : sapin du Nord (panneaux ossature bois, solivage traditionnel, charpente traditionnelle, revêtement extérieur)

À Mourenx (64), une structure bois originale a été posée devant une barre de logements existante pour conformer les parties communes aux normes d’accessibilité des personnes à mobilité réduite. L’immeuble intégrant cinq cages d’escalier et géré par un bailleur social public a été équipé de deux cages d’ascenseurs et d’escaliers ainsi que de coursives à chaque étage. La structure, les platelages, comme les habillages de garde-corps sont réalisés en pin maritime provenant de forêts locales, conférant à l’ensemble une cohérence et une ambiance chaleureuse. Contreventées par les deux cages d’ascenseurs en béton, les coursives sont portées par des poteaux en bois massif de type grumes écorcées, troncs d’arbres. Les poutres sont réalisées en pin lamellé-collé, le platelage en madriers de bois massif et l’habillage des garde-corps et des escaliers en carrelets en pin posés à l’horizontale. Projet lauréat du PNCB 2019 dans la catégorie Réhabiliter un logement.

 Recouverte avec 56 m2 de lames en pin maritime, la structure est composée de poutres en lamellé-collé et de poteaux en bois massif.
 En porte-à-faux, les coursives offrent au bâtiment réhabilité une solution architecturale à la fois légère et chaleureuse.
Photos : Alexandre Lacaze

Cet article est extrait de WoodSurfer 129 disponible sur calameo.