Restaurer les parquets anciens et patrimoniaux

Les parquets anciens connaissent un engouement en construction de belles maisons individuelles neuves, et les chantiers patrimoniaux portent une demande toujours soutenue. Leurs origines aristocratiques en font un produit d’exception.

En monuments historiques, le parquet s’impose partout où il constitue le sol original ; dans les logements privés, anciens comme les appartements haussmanniens ou dans les résidences neuves, il reste un élément particulier de distinction d’aménagement et de décoration. Le signe de bon goût étant la pose d’un parquet de vieux bois dans une villa neuve. Le parquet concentre une symbolique dense et plutôt rare en bâtiment. Au fil des siècles, il a franchi le statut de « matériau rustique » – le plancher – pour, à partir du 17e, acquérir un statut aristocratique. Au cours de cette période se sont développés les différents styles aujourd’hui bien connus : Versailles, Chantilly, Dampierre, Aremberg…

Essen­tiellement, il s’agissait de rompre avec la tradition des sols en marbre et de produire des sols plus légers, présentant des propriétés à la fois thermiques et esthétiques. Les éléments carrés utilisés mesurent deux coudées de côté – pratiquement 0,98 m pour les spécialistes – et sont composés d’éléments géométriques assemblés dans un cadre – le battant – à rainures et languettes, le tout maintenu par des chevilles de bois. Ces pièces sont ensuite posées sur une structure de lambourdes et fixées par clouage. Ses propriétés techniques, esthétiques et de confort en ont fait un produit de sol apprécié.

Pour en simplifier la pose et l’emploi, de nombreuses déclinaisons ont été créées. D’abord, des versions esthétiques moins complexes à produire, mais délicates à poser :

  • les parquets à bâtons rompus composés d’éléments de même dimension à bouts carrés et placés perpendiculairement 
  •  les parquets en point de Hongrie, avec des lames toutes de même dimension, avec les pointes coupées selon un angle de 45 à 60° et posées bout à bout ; ce style a été plébiscité dans les constructions haussmanniennes de la deuxième moitié du 19e
  • les parquets en damier qui associent les lamelles en éléments carrés, à la façon d’un parquet Dampierre. Des solutions encore plus simples se sont aussi imposées, comme les parquets à la française qui rassemblent, par rangs de différentes largeurs, des lames de longueurs inégales 
  • les parquets à l’anglaise à coupe perdue, d’une largeur égale, mais d’une longueur inégale ; ou à coupe de pierre, avec des lames de longueur et largeur égales et permettant une pose qui imite l’appareillage régulier des murs de pierre taillée.

Anticiper les rénovations

Les marchés de la rénovation de parquets et de la production de parquets à base de vieux bois destinés aux constructions neuves sont actuellement en plein développement. Les acteurs de ce marché – Parquets Briatte, Parquets Gal – font face à une forte demande. Ces acteurs considèrent que, jusqu’en 2020, les marchés se scindaient pratiquement à parts égales entre les ouvrages de types « monuments historiques » et les marchés privés ; depuis quelques mois, les chantiers de particuliers reprennent plus majoritairement le pas. Pour traditionnel qu’il soit, ce secteur n’en est pas moins concurrentiel. À ce titre, deux principaux sujets préoccupent les acteurs : la ressource en bois anciens et le recrutement de personnels. Pour répondre à la demande exigeante, l’accent est placé sur la recherche de vieux bois à reconvertir lors de la réparation des panneaux démontés sur chantier. Les gisements sont rares et stratégiques : il s’agit de parquets en bon état retirés dans des constructions rénovées ou démolies. Les dimensions des panneaux anciens étant pratiquement similaires, certains éléments géométriques qui les composent comme les carrés peuvent aussi être recyclés. Il est aussi possible de reprendre des charpentes anciennes en chêne qui sont débitées pour être reconfigurées en lames.
Les parqueteurs soignent particulièrement ces stocks – dont certaines pièces ont 150 ans – pour être en mesure de répondre aux marchés qui sont généralement d’une très grande superficie.

Trouver les Compagnons

L’autre préoccupation importante des fournisseurs et poseurs de parquets est celle de la main-d’œuvre. Le métier de parqueteur étant une spécialité de la menuiserie, il figure parmi les professions qui comptent peu de pratiquants. Il existe seulement quatre lycées professionnels qui dispensent cet enseignement théorique et pratique – à Troyes, à La Châtre, à Saint-Étienne et à Blanquefort – et ces filières de formation semblent se tarir. En formation continue, le Greta de Troyes, reconnu pour ce métier, n’a pas réussi à rassembler une promotion cette année scolaire ; la formation est cependant maintenue au catalogue. De fait, la transmission de savoir-faire en atelier et sur chantier est essentiellement assurée par les entreprises et soutenue par les aides à l’apprentissage. Ce qui n’empêche pas le turnover de personnels entre les différentes entreprises et impose un recrutement actif et régulier. Un sujet central, car, de l’avis général, il faut jusqu’à huit à dix ans de pratique pour maîtriser les difficultés des chantiers de monuments historiques. Ce type de chantiers s’écarte en effet des règles décrites dans les documents normatifs – DTU 51.1 pour le parquet à clouer, 51.2 pour ceux à coller – pour s’adapter aux défauts inhérents aux constructions anciennes. Exemple : la vaste surface d’un salon peut présenter une flèche de plusieurs centimètres au centre de la pièce, indiquent les professionnels. Ce alors que les normes de pose soulignent l’importance de la planéité du support… La maîtrise du projet consiste à travailler « en aile d’avion », c’est-à-dire en épousant les irrégularités… tout en présentant un alignement impeccable au niveau des portes et des cheminées, véritables juges de paix de la réussite d’une pose. Le parquet n’est pas uniquement un métier technique ; c’est aussi une profession où les Compagnons doivent maîtriser l’esthétique finale du sol. Leurs qualités sont appréciées sur leur façon de réaliser les opérations de brossage, de ponçage et de reprise de teinte pour homogénéiser les surfaces. Ces méthodes font appel aux outils spécifiques comme à la chimie correctrice des aspects. Mais, juré, les professionnels ne jouent plus avec les mélanges de concentrés de chicorée avec des alcools… Les formules les plus astucieuses n’ont plus cours.  

« Guide parquets » D’Irabois

Le parquet est un métier d’art, de tradition et de technique, et Irabois, l’institut de formation aux métiers du bois, associé à l’Union des métiers du Bois de la FFB (UMB-FFB), rassemble dans ce Guide Parquets1 les fondamentaux de cette activité. Quelles sont les grandes familles de parquets ? Quelles essences sont utilisées et quelles sont leurs caractéristiques ? Quelles réponses apporter lors d’une prescription ? Quels sont les différents modes de pose, et comment les concilier avec les supports couramment employés – chapes anhydres, planchers chauffants… ? Quel est le vocabulaire de la profession de parqueteur ? Comment organiser son chantier ? Comment traiter les points singuliers ? Quelles sont les normes de produits et celles applicables à la pose ? Comment entretenir les parquets ? Cette somme répond en détail aux questions courantes des professionnels, que ce soit pour les chantiers de rénovation ou ceux de construction neuve. En complément, et d’un usage quotidien sur les chantiers, les équipes de poseurs recommandent le calepin de chantier Parquets et planchers en bois qui résume l’essentiel en une quinzaine de pages illustrées2.

Cet article est extrait de Wood Surfer n°127 > Découvrir le numéro en intégralité <